benoit noel

  • La vie des Saintes

    La vie des saintes

    Aujourd’hui 2 décembre, c’est la fête : les chrétiens et les païens fêtent Sainte Viviane. Remarquez, à Noël aussi c’est la fête pour tous. C’est bien normal, la plupart des cathédrales ont été construits sur de vieux lieux de cultes païens et la plupart des saints chrétiens sont des versions relookées des vieux héros des panthéons de la nature… Alors Ste. Bibine (sic), martyre romaine du IV° siècle réputée venir en aide pour se refaire quand on a une petite gueule de bois les lendemains de fêtes (« bois » vient ici de boisson, s’il fallait le rappeler et non des bois de Brocéliande par exemple, patrie de la Fée Viviane…) et qui guérit les migraines. Tout ça parce que son nom évoque, en latin, les libations, ou plutôt la beuverie… Ah ! on a parfois le nom pour l’emploi… Donc Bibiane, de Rome, guérit les gueules de bois et les migraines. Fort bien. En plus, la cause de son martyr fût qu’elle ne voulût point se prostituer. Comme la Bien-aimée du Cantique des cantiques qui n’était pas tout à fait d’accord pour que l’on acheta l’amour (Cantique des cantiques VIII. 9)… En somme, ça ressemble encore pas trop mal à Artémis, la déesse farouche et insoumise, qui parrainera la famille botanique des artemisias, les absinthes. Artémis, l’altère-égale de notre Fée je crois.
    Bref, devant un tel blason, il était opportun de faire une sainteté à la compagne de Merlin et il était naturel (dans la mesure ou le christianisme peut être naturel) que Bibiane l’endossa. Bibiane, l’insoumise qui prend les buveurs excessifs en pitié (quel rapport ? aucun, juste un trait de caractère bienveillant). Donc Bibiane, c’est l’incarnation chrétienne de Viviane-Artémis, ces païennes dont on ne sauraient se passer…

    Bon, et les libations alors ?
    Alors avec Viviane, il ne s’agit pas vraiment de libations. Vous savez, cette habitude de verser par terre un peu d’une boisson, alcoolisée de préférence pour le 2 décembre, en l’honneur d’un défunt ou d’un frère envoyé sous les verrous. Non, la Dame du Lac se baigne. Elle a son bain, sa fontaine dans la forêt de Barenton, laquelle parait-il, trois fois par jour, devient glacée, prend une couleur verte et un goût amer… L’histoire est claire et il n’est pas encore question de trouble, ou de louche, dans ce bain. Trois fois par jour, Viviane se baigne dans un bain artémisial…
    Pourquoi croyez-vous que l’Absinthe est la boisson des artistes de la belle époque ? Et bien parce que quand les aficionados de l’OM vomissent leur pastis sur les terrasses des PMUs, et pendant que les parpailloux s’endorment sur leurs bières (le Houblon est un sédatif qui sera préféré à l’absinthe aphrodisiaque pour amériser la bière - la cervoise était une bière antique amérisée à l’absinthe), et bien l’absinthe règne sur la nature farouche. L’absinthe est l’appel de la nature et de la féminité indomptée. C’est l’anima de l’artiste qui s’anime…

    Comment est-on passé du symbole à la réalité physiologique ?
    C’est tout simple. L’absinthe, cette belle plante sauvage est amère. Elle a un effet cholérétique (elle stimule la production de bile), cholagogue (elle purge la bile, et empêche la production de pierres), carminative (elle active l’évacuation des déchets et évacue les gaz intestinaux et stomachaux). C’est aussi un vermifuge connu (les anglais l’appellent wormwood). C’est dire qu’elle aide à la gestion de la digestion et stimule et soutient le foi, ce chef d’orchestre des organes. Le foi régule aussi la joie et la colère. Elle est encore fébrifuge, ce qui est un atout certain pour en faire une boisson médicinale. Du côté du système génital, elle est réputée pour ses vertus de régulation des cycles féminins (Artemis pas pour rien…). Enfin, du côté du cerveau, ceux qui la connaissent savent pourquoi Gauguin (qui s’y connaissait !) peignait des arbres en rose pour appeler son tableau « Les Arbres Bleus ». Les artistes savent voir les choses telles qu’elles peuvent l’être. La Verte, c’est celle que les suisses, quand elle est blanche, appellent « la bleue ». C’est un arc en ciel dans la conscience, une psychée technicolor ! Un peu plus haut encore dans le cerveau il y aurait encore beaucoup à dire et à étudier, comment fonctionne la thuyone par exemple, mais ce soir je n’ose… Voilà notre plante maitresse du vieux monde païen, notre Absinthe…

    Historiquement, celle qui deviendra à l’époque moderne l’apanage des deux Juras est à l’origine une boisson de la famille des anisés méditerranéens. Ces boissons rafraichissantes, digestives, et fébrifuges. Artemisia absinthium elle-même est une plante endémique en méditerranée. L’Orient, toujours cultivé et raffiné, se booste aux épices indiennes et asiatiques. L’anis vert venu d’extrême orient s’est joliment imposé dans ces cultures absinthées. Pas facile d’associer absinthe et anis ! Deux plantes digestives et carminatives, l’une pour le foi, l’autre pour l’estomac, l’une lunaire, l’autre solaire (bien que l’anis aide à la lactation)… Dans les recettes, il n’est pas facile de les marier et, pour des raisons sociologiques complexes qui ne sont pas à l’honneur de notre société moderne, c’est presque toujours l’anis sucré qui domine. L’absinthe devient alors le faire-valoir des boissons anisées. Juste dommage… Société laïque et mécaniste qui ne connait plus ni dieux ni nature ! L’anis est juste assez pour ton néant spirituel ! Société de tubes digestifs, sans foi ni foie…

    Heureusement, aujourd’hui, c’est la Sainte Viviane, fête païenne s’il en est (et bientôt, ce sera la St. Merlin, le 25 je crois), qui mérite bien une petite Verte bien amère ! Alors trinquons à nos Saintes !

    Ps. Il est injuste de parler d’Absinthe sans parler de ses partenaires dans les recettes : Hysope et les sauges, ses sœurs dans la famille des thuyones, la mélisse, les menthes et tant d’autres… les anisées aussi bien-sûr, juste ce qu’il faut… Une prochaine fois…

    Pps. Tant de choses à dire sur l’absinthe que je n’ai pas abordé… Ne croyez pas que j’ai oublié ! Mais d’autres l’ont déjà fait mieux que j’aurais pu le faire moi-même. Par exemple récemment Benoît Noël, Bastien Loukia et Aude Fauvel dans « Sur les ailes de l’Absinthe » une superbe bande dessinée aux éditions BVR 2021.


    Matthieu Frécon, un enfant de chœur de la Sainte Abbée, Sarreyer le 2 décembre 2021.

  • Sur les Ailes de l'Absinthe

    Sur les ailes de l’Absinthe, voyage en 24 dimensions
    Par Benoît Noël et Bastien, introduction par Aude Fauvel, BVR éditions

    Ce qui est bien avec l’absinthe, c’est la créativité infinie qui l’accompagne…Sur les ailes 1 couverture ça tombe bien pour Benoît Noël qui est un écrivain des plus créatifs et des plus raffinés quand il s’agit de chanter l’absinthe avec la sensibilité que l’on doit à la Fée Muses des Arts de la Belle Époque…
    Ici, c’est sous un forme de BD que Benoît (à la plume) et son ami Bastien Loukia (au pinceau) font le panorama de l’épopée verte depuis sa préhistoire, son histoire mythique, jusqu’à nous.
    Il était nécessaire de remonter jusqu’aux mythes antiques pour comprendre la profondeur de celle que l’on ne sais apprécier que trouble…
    24 pages (en fait 95) d’histoire essentielle comme un extrait d’absinthe, verte et pourtant mure, pour sortir des clichés parce que la réalité de l’absinthe est plus belle que le fantasme que nous entretenons parfois un peu facilement (l’image démoniaque développée par ses détracteurs au début du XX°s.), 24 dimensions de plaisir suggestif et enivrant qui nous aide à croire que certaines plantes ont des vertus magiques qui pourraient nous aider à devenir plus créatif…
    En plus, ça commence par une introduction lapidaire et salvatrice sur le rôle de bouc émissaire qui fût donné à la Fée Verte par Aude Fauvel, qui est une spécialiste des rapports entre médecine, psychiatrie, et société de l’université de médecine de Lausanne.

    Sur les ailes de l'Absinthe, par Benoît Noël et Bastien Loukia, préface Aude Fauvel.
    BVR éditions, 19 €

    http://bnoel.herbaut.de/sur-les-ailes-de-labsinthe-voyage-en-24-dimensions/

  • De la recette du "tremblement de terre" de Toulouse-Lautrec par Benoît Noël

    De la recette exacte du « cocktail » Tremblement de terre de Henri de Toulouse-Lautrec

    Par Benoît Noël The chap book

    Voilà, douze ans, je répondais à David Nathan-Maister, m’interrogeant sur la composition exacte du fameux Tremblement de terre, concocté par Henri de Toulouse-Lautrec, que la meilleure source était la remarquable biographie de Henri Perruchot. Néanmoins, celui-ci se référait à un ami de Lautrec, Achille Astre, lui-même auteur d’un livre rare qui vient enfin de me tomber sous la main.

    Vers 1895, la gentry fin-de-siècle de l’hexagone s’entiche des cocktails et un de ses plus célèbres adeptes est le peintre Henri de Toulouse-Lautrec qui balance entre expérimentation radicale et science du dosage… (lire la suite)

  • Préparer son absinthe

    Préparer son Absinthe…Verte van gogh

    Hier soir, nous fêtions je ne sais plus quoi, et comme il est l’usage, le champagne était au cœur du rituel. Et comme il est de mon usage dans ces cas là, je n’ai pas résisté à aromatiser mes bulles de l’esprit vivian : une petite dose de Chandelle Verte au fond de la flute. J’ai pris goût, grands dieux ! à ces cocktails modernes et il est peut-être temps de faire le point sur les bonnes et les mauvaises façons de boire mon alcool préféré : l’Absinthe.
    Chandelle verte champagne

    Les bonnes et les mauvaises façons de préparer sa Verte ou sa Bleue…

    Alors, on va partir du fait que l’Absinthe, le spiritueux, ne naît pas du jour au lendemain dans le laboratoire d’un savant fou du Val de Travers ou d’ailleurs, mais qu’elle est le fruit d’une longue tradition de préparations d’élixirs-spiritueux de plantes qui ont pour mission de soutenir le moral et réparer le corps. Ce sont des alcools fait pour le corps autant que pour l’esprit. L’Absinthe - Artemisia Absinthium - étant une plante médicinale majeure, elle est présente dans de très nombreuses recettes depuis les temps (et les régions) les plus reculés.

    Avant que n’apparaisse l’apéritif que l’on désigne sous le nom d’Absinthe ou Fée Verte qui se développera en Suisse et en France au XIX° siècle, il était l’usage de faire des alcools forts que l’on buvaient allongés d’eau. C’est l’origine de la première version de cette préparation, assez primitive, que l’on rencontre encore dans les régions les plus traditionalistes comme le Jura par exemple et un peu partout depuis le développement du pastis et de l’Olympique Marseille (qui n’est pas un spiritueux).
    C’est ainsi que les jurassiens boivent encore leur Bleue : la liqueur blanche est allongée d’eau dans un grand vert, l’anis contenu révèle son caractère louche et l’affaire est réglée.
    C’est la version 1 du rituel de l’absinthe.
    Rituel discre te marc thuillier

    La Belle Époque parisienne doit son nom à un mélange détonnant entre une culture artistique merveilleuse qui apparait dans un contexte social abominable. C’est ainsi que l’alcoolisme se développe et contribuera à la perte de notre muse apéritive, et c’est en même temps sous son influence qu’accoucheront les plus belles œuvres artistiques qui chanteront les louanges d’Artemis, la vierge farouche et redoutable, la féminité nécessaire aux artistes et aux ouvriers de la nouvelle société sans âme (au tournant du XX° siècle, pas la société sans âme du tournant du XXI° siècle laquelle rappellera la Fée à son secours en 2005).

    Cette magnifique société est festive et l’exposition universelle de Paris en 1889 verra l’érection de la tour Eiffel et probablement l’invention de la cuillère percée (en forme de tour Eiffel), qui deviendra rapidement l’accessoire emblématique du rituel de l’absinthe.
    Il est dorénavant officiel que la Fée Verte se prépare avec cette « pelle » qui soutient le sucre qui se trouve alors au-dessus de la liqueur. Il reste à la « fontaine à Absinthe » le soin de faire couler les gouttelettes d’eau fraiche sur le sucre pour que le sirop vienne adoucir l’amertume de l’apéritif. Ce rituel d’esthètes semble avoir été élaboré pour des raisons de marketing dans le but de faire boire ces dames des bistrots parisiens pour la parité dans l’ivresse…
    Cette version 2 du rituel de l’Absinthe est indéniablement la plus répandue. C’est la façon officielle de bien préparer une absinthe quand on a de l’éducation et que son amertume demande un sucrage, ce qui n’est pas toujours nécessaire avec les modernes et doucereux pastis à l’absinthe du commerce courant actuel.
    Une partie de pe che

    Cette belle époque et sa bohème pouilleuse aux loques pleines de taches de peinture à l’huile ou d’encres indélébiles laisseront à la Fée Verte la réputation de Muse des Artistes. A-t’il jamais existé une telle entente entre cette bohème inspirée de ces poètes et peintres miséreux et un alcool ? un esprit ? L’union a été parfaite. C’était Héloïse et Abelard, c’était Viviane et Merlin, ou Salomon (dans le rôle de la verte) et la Sulamite (dans le rôle des Rimbauds)…
    Les poètes de la belle époque ont bel et bien disparus avec Elle, c’est un fait, et la poésie trouvera quand-même d’autres esprits consolateurs pour survivre.
    Mais la disparition de la Fée Verte laissera une petite amertume que l’on n’oubliera pas. Ainsi, dans les années 60’, à la suite des Burroughs et des Kerouac, les poètes maudits d’outre-atlantique retourneront en Bohème chercher l’esprit de Montparnasse (la géographie n’est pas une science exacte en Amérique…) et, dans un tchèque approximatif, les poètes ricains tenteront de retrouver l’absinthe dans les zincs praguois… « Pas de problèmes » répondent les tôliers tchèques, « Revenez demain ! ». C’est ainsi que la Fée Verte est revenue dans les bars et est devenue la nouvelle héroïne des clochards célestes aux pays de l’étoile rouge. C’est d’ailleurs la blanche, la vraie blanche, l’héroïne, de ces petits-enfants américains de Rimbaud qui inspirera un nouveau rituel à la Verte de l’ancien monde : l’Absinthe flambée.
    Vous n’avez jamais préparé d’héroïne ? pas grave, ce n’est pas nécessaire. Ici, c’est l’Absinthe qu’il faut verser sur le sucre (qui est encore posé sur sa cuiller percée), enflammer ce sucre dégoulinant. C’est bientôt le verre tout entier qui sera enflammé, et puis lorsque le sucre commencera à caraméliser. Il reste à éteindre l’incendie avec de l’eau fraiche. Le procédé est spectaculaire et le résultat intéressant pour le goût caramélisé caractéristique… La motivation qui a animé l’invention de ce nouveau procédé possède une certaine noblesse (plus que le but mercantile et publicitaire qui est à l’origine du rituel de 1889 en tous cas, on doit le reconnaitre…) et ce rituel barbare qui évoque plus le cirque américano-romain que la fontaine de Barenton à Brocéliande (le site de Viviane) mérite toute notre attention. Je vous invite à l’essayer si vous ne l’avez déjà fait.
    C’est la version 3 du rite de l’Absinthe.
    Ps. Lisez Dale Pendell, le poète des plantes psychotropes et inventeur de recettes d’Absinthes de cette époque en sirotant votre Fairy.
    absinthe flambée

    Comment choisir ?
    Votre accent jurassien ou marseillais trahit votre goût pour une tradition simple, sans fioritures : c’est la version 1 qui vous laissera siroter tranquillement votre anisée haute en couleur.
    Vous avez besoin de temps pour faire les choses, pour les laisser apparaitre dans votre Jacqueline : optez pour une préparation longue sous la Fontaine. Version 2.
    Vous voulez attirer l’attention dans un bistrot et vous ne craignez pas d’être expulsé manu-militari comme un pyromane irresponsable : Osez la version 3 du rituel sans hésiter !
    La fe e rouge

    En fait, les rituels sont multiples, mais les absinthes aussi… entre les Bleues du Val de Travers qui sont hérités du breuvage du XVIII°/XIX° siècle, pas assez amères pour avoir besoin de sucre et que l’on boit donc simplement allongées d’eau comme un vulgaire Ricard (rituel 1) ; entre la Vertu amère de l’Absinthe Belle Époque parisienne qui demande d’être adoucie d’un sirop pour révéler toute sa profondeur aromatique (rituel 2) ; ou encore la brutalité du monde moderne qui s’exprime dans les Absinthes ayant souffert de la prohibition, Absinthes brutes aux arômes simples et fumés et excessivement anisées en provenances des moonshiners de la Nouvelle Orléans ou des industries d’Europe centrale ou d’Espagne, Absinthes élevées au Jazz bien sûr (rituel 3), chaque absinthe a son rituel… Vous avez le choix…

    Voici les bonnes façons de préparer l’Absinthe (1 & 2), et la mauvaise (3). Voici la tradition.

    Alors les buveurs d’absinthes sont devenus traditionalistes ? Le traditionaliste n’apparait pas avec la tradition mais il la créé quand il n’a plus d’autres idées, quand il n’a plus rien d’autre à faire… Tant que la créativité vit, la tradition attends son heure. Quand l’époque n’est plus créative, elle peut devenir traditionaliste. C’est peut-être un peu le cas pour l’Absinthe qui vit une renaissance timide.
    Nous chercherons plus tard les raisons qui font que l’Absinthe n’est apparemment plus la Muse des artistes et des créateurs, pour l’heure je voudrais juste rappeler qu’il existe mille façons de préparer son Absinthe. Le rituel est important en ce qu’il permet de relier la boisson avec un élément de sa vie. Il permet de transformer un alcool en un esprit. À chaque alcool son esprit, et son rituel…
    Les chandelles vertes

    Hier soir donc, je buvais mon Absinthe-champagne (une Chandelle Verte très amère) comme Alfred de Musset buvait son Absinthe-cognac… À l’arrivée des premières neiges, je règle ma Verte à la neige saupoudrée de sucre en poudre, ça fait penser à une pâtisserie !
    Cornet neige
    Il existe aussi des gourmets qui ont une science très précise du louche (action de préparer son absinthe pour la faire loucher, c’est-à-dire troubler) tel mon ami René Wanner (Distillerie Absintissimo à Genève et dans le Val-de-Travers) dont j’admire particulièrement la « 68…Harde » qu’il prépare ainsi : en apéritif : 1 dose d’Absinthe pour 2 à 3 parts d’eau (comme notre propre « Étoile d’Argent »), mais en digestif il faut : « Faire tomber quelques gouttes d’eau dans un verre d’absinthe » (il faut voir René préparer sa Bleue et vous comprendrez ce que le mot rituel veut dire !).
    Rene wanner le trouble

    Pour finir, le chemin de l'Absinthe, le vrai, qui mène à notre distillerie de Sarreyer en Valais…
    Le chemin de l absinthe chez edelweiss distillerie

     

     

              Matthieu Frécon, Edelweiss Distillerie, Sarreyer. Mars 2020
     

    Sources : Benoit Noel, René Wanner, Dale Pendell…
    Photos, de haut en bas : Van Gogh, Absinthe Champagne (MF), La discrète du Val de Travers (Marc Thuillier), Une partie de pêche (circa 1900), Absinthe Flambée (MF), Quel rituel pour celle-ci ? Awen Nature, Les Chandelles Vertes (Benoît Noël/MF), René Wanner, Le chemin de la Tuaille, qui mène à notre distillerie… (MF).

            

     

    Absinthes edelweiss distilleriehttps://edelweiss-distillerie.ch/

  • Conférence de Benoît Noël sur l'Absinthe

    Le dimanche 13 mai 2018 à 18h30
    Benoît NOËL prononcera la conférence L’Absinthe, Muse des Peintres
    au Château de la Berrière à Barbechat (Loire-Atlantique)

    à l’invitation et au profit de l’Association des Amis du Château de la Berrière
    Droit d'entrée à la conférence : 6 €



     

     

    Plante médicinale, élixir régénérateur puis apéritif à la réputation sulfureuse, l'absinthe subjugue. Née en 1797 dans le Jura franco-suisse, la « liqueur d'absynthe » (68 à 72°) de la Mère Henriod a séduit le monde entier avant d'être interdite, en France,  en 1915. De nos jours, les rumeurs les plus contradictoires circulent toujours à son sujet. La « Fée verte » rendait-elle fou ou génial ? Réautorisée, en a-t-on retiré les substances nocives ? Muse d’essence paradoxale, l’absinthe ne semble avoir inspiré que des œuvres d’art, à sa gloire, tant celles la présentant sous un jour sombre fascinent davantage encore que celles la flattant. Oui, un peu de « Bitter du Jura » étrille le Mozart qui sommeille en vous et trop l’assassine. Oui, il existe, un génie du flacon jusqu'à un certain point, mais il n’y a pas de Dieu des ivrognes ! Cette conférence passe au crible ces questions via les chefs-d’œuvre de la peinture signés André Gill, Félicien Rops, Édouard Manet, Steinlen, Paul Gauguin, Edgar Degas, Albert Maignan, Toulouse-Lautrec, Forain, Van Gogh, Kees Van Dongen, Modigliani ou Pablo Picasso.

     

    Benoît Noël : - « Apéritif né de la macération et de la distillation de plantes toniques, l’absinthe est une boisson particulièrement revigorante. Son arôme  réveille votre nez, ses teintes mêlées semblent réfraction de gemmes et sa fraîcheur surprend la langue avant que ne se déroule sur le palais, le somptueux bouquet d’anis complémentaires relevé par la pointe d’âcreté de la plante absinthe, elle-même. À l’image de la vie, la Fée verte conjugue le doux et l’amer, le miel et le fiel. Il va sans dire que l’abus escamote ces effets positifs mais le rite précieux qui engage à redistiller patiemment dans le verre à pied, ce nectar des Dieux, via l’adjonction de cinq fois son volume d’eau et au travers d’une cuillère ajourée, engage naturellement à le consommer avec dilection et épicurisme, distinction et modération »… 

     

    Le conférence sera suivie d’une dégustation d’absinthe, boisson à consommer donc avec modération.

    Benoît NOËL dédicacera son livre : A comme Absinthe – Z comme Zola  - L’abécédaire de l’absinthe.

     

    On trouvera dans l’excellent Forum du Musée virtuel de l’absinthe, une présentation du Château de la Berrière en une chronique intitulée Une journée de l’absinthe à réitérer. 

    http://www.museeabsinthe.com/forums/index.php?s=34ffcc7d84094321b5cde2ba398fa42f&showtopic=3056

    PS. Benoît Noël est l'auteur de pas mal des plus beaux passages de mon livre "L'Alambic, l'Art de la Distillation" (qui vient de ressortir dans sa 3° édition) (MF).

  • Nouvelles de la distillerie

    De l'Eau-de-vie à l'eau de Rose

    La presse locale du pays d'Auge, en Normandie, à eu la bonne idée d'annoncer la remise en activité de 2 alambics anciens de cette belle région de production de calva.
    Mes lecteurs savent l'admiration que je porte aux parfumeurs indiens et il se trouve que je transforme mon activité de bouilleur ambulant (alcools donc) en distillateur de PPAM (Plantes à Parfums, Aromatiques et Médicinales), distillateur de Rose en particulier.
    Les alambics traditionnels du Pays d'Auge sont très inspirés des appareils charentais qui nous distillent le cognac, leur forme ovale et applatie a juste un peu évolué vers la forme plus ronde du fruit défendu (je veux dire, le fruit que les normands défendent) : la pomme. Il se trouve que ces alambics très primitifs sont très proches des Degs indiens qui fournissent à mon avis les meilleures essences de rose notamment. Dans les articles que j'ai consacré sur ce blog à la distillation de la rose, je montre ma préférence pour l'utilisation de ces systèmes simples et j'ai choisi ces instruments pour ma future production d'eau de rose. Alambic-indiens-1.jpg

    C'est mon ami Benoît Noël, merveilleux écrivain de l'absinthe (lire ici) et du calva (lire ) qui m'a mis en contact avec le propriétaire de cette ancienne distillerie à vendre. C'est lui encore qui, toujours soucieux de montrer que le patrimoine de son pays d'adoption a encore un sens et une vie dans ce monde actuel, monde plus transitoire que moderne, a eu la bonne idée de prévenir la presse qui a bien compris le message d'espoir de cet instrument plus important qu'on ne le pense habituellement : l'alambic.

    Voici les articles de messieurs Matthieu Vesques (Journal du Pays d'Auge, 25 février 2014) et Christian Liégard (Ouest-France, même date).

    journal.du.pays.d.auge.25-02-14.matthieu.vesques

    ouest-france.25-02-2014.christian.liégard.jpg

    Je vous donnerai bientôt des nouvelles sur l'évolution de mon travail de distillateur de rose et des précisions la succession à la distillerie d'Autignac… dans quelques semaines…

    En attendant, ça va être la saison de planter les rosiers !

    Merci à Benoît Noël, Frédéric Penant, Matthieu Vesques et Christian Liégard.

    PS. cliquez sur les images pour les agrandir

  • Cidre & Calvados en Pays d'Auge, un livre de Benoît Noël

    Cidre & Calvados en Pays d'Auge couverture-cidres.jpg

    par Maud Guichard et Benoît Noël
     
    Il y a peu, je donnais un stage de distillation en Normandie. C'était l'occasion de passer de bons moments avec Benoît Noël qui habite dans le Pays d'Auge et avec qui je partage au moins deux passions : la Fée Verte et la Normandie…

    Benoît Noël qui connait tous les bons distillateurs et cidriers a considérablement amélioré ma culture en la matière…
    Il faut dire que Benoît venais de finir un travail très important sur le sujet et sur son pays, qui vient juste d'être publié : il s'agit de Cidre & Calvados en Pays d'Auge, écrit en collaboration avec Maud Guichard, historienne à Caen.

    C'est le livre sur le cidre et le calva le plus documenté que je connaisse, abondamment illustré et, comme toujours avec Benoît Noël, très agréablement écrit.


    Livre broché avec rabats
. Format 22x25 cm, 
260 pages, 300 illustrations couleur, 
Prix : 28,00 €
    Disponible sur commande à : editions-bvr@orange.fr
    (paiement par chèque ou PayPal, franco de port)

    http://www.herbaut.de/bnoel/

  • Absinthe

    Une convergence d'éléments me ramène, c'est d'ailleurs chronique, à l'absinthe…

    Tout d'abord, je reviens d'un long voyage en Asie où j'ai eu l'occasion de distiller, entre des mangues et des litchis (je vous en parlerai très bientôt : en Thaïlande pour le compte d'une distillerie naissante, au Vietnam &c…) de l'Artemisia Annua, la variété asiatique de l'absinthe. Cette plante, plus que les autres apparament, est souveraine contre le palud.

    Rappelons que l'on doit le développement de l'absinthe (et de pas mal d'autres produits classés depuis parmis les drogues proscrites, LSD en tête) par l'armée. En l'occurence l'armée française en Afrique du Nord au XIX° siècle qui a trouvé avec notre fée un moyen de lutter contre la fièvre, entre autre.

    Actuellement, l'Artemisia Annua a toute l'attention de l'OMS qui voudrait en interdire l'usage généralisé dans le cadre de la lutte contre le paludisme pour empêcher les mutations de la maladie et réserver ce traitement reconnu aux malades les plus désespérés (j'admire cette politique de réserve que j'aurais aimé voir appliqué à l'usage des antibiotiques ou autres vaccins contre la grippe, ça viendra en son temps).

    les-absinthes-aisatiques.jpg

    Distillation d'huile essentielle d'absinthe

    Lors d'un séjour au Vietnam chez mon ami Laurent Séverac (qui présente son travail dans les pp. 179 à 186 de la 1° éd. de "L'Alambic"), nous avons distillé cette absinthe précieuse. Distillation classique à la vapeur. Laurent utilise son huile essentielle dans ses parfums et dans une liqueur, une Absinthe aux huiles essentielles, que nous avons eu l'occasion d'apprécier au cours de belles soirées à Hanoï. C'est une liqueur forte et très corsée, très particulière et qui a, comme les nôtres, cette faculté de faire ressortir du fond de notre être profond cette nostalgie qui redonne la force et surtout l'espoir devant l'infini…

    Huile essentielle d'absinthe ? relèverons les spécialistes de l'histoire populaire de la chandelle verte… En effet, l'huile essentielle d'absinthe (l'extrait d'absinthe pour être précis) a été interdite en France en 1907, soit 8 ans avant l'interdiction de la boisson elle-même, pour cette fameuse question de teneur excessive en thuyone. Les analyses faites par Laurent Séverac à Grasse infirment une fois de plus le bien fondé des attaques contre notre fée : l'huile essentielle d'Artemisia Annua ne contient pas de thuyone en taux excessif.
    arrivee-a-la-distillerie.jpg distillation-de-l-absinthe.jpg





    La muse des poètes : "L'Absinthe" d'Aleister Crowley


    Cette journée magique de distillation d'absinthe me rappelle cette page écrite en français vers 1917 par le mage et poète Aleister Crowley publiée par le musée virtuel de l'absinthe et à l'époque dans la revue new-yorkaise The International (La légende de l'Absinthe sous le pseudonyme de Jeanne la Goulue, qui était une danseuse connue à Montmartre à cette époque). Crowley, personnage aussi extravant que complexe est l'un des plus grands explorateurs de l'imaginaire de tous les temps, ses cocktails contiennent parfois de l'absinthe, il pratiquait aussi les mélanges de grands vins dans le verre (voir son journal intime parisien "John St. John"), et toute sortes de choses moins recommandées par l'OMS notamment et qui auront pourtant un impact décisif sur la civilisation naissante de l'après 2° guerre mondiale. Alpiniste, il a signé une première sur le K2 himalayien en 1902. Enfin, la nécessité ou l'aisance l'ont parfois poussé à gagner sa vie en jouant aux échecs jusqu'à 6 parties simultanément, à l'aveugle évidemment.

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    (Pour en savoir plus sur l'actualité éditoriale de Crowley, voyez ici)


    & pour finir en beauté Benoît Noël

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    Pour  achever de vous mettre en bouche et avant d'enfin vous servir une petite verte (vous ne pourrez plus résister à l'envie), le délicieux écrivain et spécialiste entre tous de l'absinthe Benoît Noël a fait cette jolie "interview au coin du feu" que je relaie maintenant.

    Merci à Benoît pour son aide dans mon travail sur l'absinthe notamment, et surtout pour consacrer son talent à transmettre l'esprit subtil de la Fée Verte dans ses publications qu'il présente ici : http://www.herbaut.de/bnoel/ et que je vous recommande absolument.