Recettes pour la pharmacie & soins du corps
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L’Abbé Guille, la liqueur du Mont-Corbier et la santé publique
- Le 06/05/2025
- Dans Recettes pour la pharmacie & soins du corps
L’Abbé Guille, la liqueur du Mont-Corbier et la santé publique
C’est l’histoire d’une recette locale à base plantes médicinales, l’histoire de la médecine populaire dans les campagnes françaises au XIX° siècle, l’histoire d’une société et d’un temps pas si lointain tant dans le passé que dans l’avenir…
l’« Histoire de la Pharmacie en Bourgogne avant 1803 » par Auguste Baudot (éd. 1905) nous décrit l’organisation de la pharmacie avant la loi napoléonienne du 11 avril 1803 qui réglemente la préparation des médicaments et de ce fait sépare l’activité du pharmacien, réservée exclusivement à la préparation des médicaments, de celle des liquoristes, parfumeurs et autres droguistes…
Avant cela, les pharmaciens, apothicaires-distillateurs et autres droguistes étaient en charge à la fois de la confection des remèdes, des alcools, et des parfums. À partir de ce moment, le liquoriste comme le parfumeur perdent le contact avec le monde de la santé et l’aspect médicinal de leurs activités disparaît peu-à-peu.
Néanmoins, les lois, c’est bien beau, mais elle ne sont pas toujours en phase avec la réalité et il arrive que les impasses administratives ouvrent des portes latérales. Par exemple aujourd’hui, devant la désertification médicale des campagnes suisses (et je ne parle même pas de la France devant qui le Sahara reste l’une des régions les plus fertiles du monde), le gouvernement fédéral pousse au remplacement des médecins absents par des naturopathes qui sont maintenant formés aux besoins de la cause (petites consultations, visites &c…), en plus de leurs spécialités. Résultat, les villes seront dotées de magnifiques hôpitaux tout équipés d’intelligences artificielles et de salles d’attentes connectées pendant que les villageois consulteront des naturopathes des campagnes qui connaissent les plantes et les arts de vivre sainement… Quand je vous disais que le bon vieux temps n’est peut-être pas si lointain dans l’avenir !
L’une des choses remarquables du livre d’Auguste Baudot est qu’il explique que jusqu’à la fin du XVIII° siècle alors que les villes étaient fournies en pharmacies, les petites bourgades se contentaient d’apothicaires ou de droguistes (comme il en existe encore beaucoup en Suisse, et ils sont très appréciés du public. Peut-être plus que les pharmaciens d’ailleurs…), voire d’épiciers qui, je le redis, étaient très polyvalents dans leurs préparations. Enfin, les plus défavorisés, les plus isolés des paysans devaient remettre leurs soucis de santé au curé qui avait le temps et les connaissances nécessaires, ainsi que l’aide des villageois pour les cultures ou la récolte des plantes. C’était bien le curé qui préparait les élixirs, les baumes, et toute la pharmacie locale. Les moines également, dans certains monastères assez ouverts au siècle, disposaient de jardins de simples et de laboratoires/distilleries bien équipés.
Cette tradition des religieux en charge des préparations médicinales pour leurs ouailles était donc très répandue.
C’est dans le cadre de cette culture tardive qu’à la fin du XIX° siècle un abbé de village en retraite, l’Abbé Guille, est accueilli chez le distillateur du coin à Saint Jean de Maurienne (Savoie, près de la Chartreuse, pour situer), le bien-nommé M. Vincent Bon (qui n’était pas vigneron) pour y finir sa vie tranquillement. La réforme des retraites n’avait pas encore ravagé nos ainés puisque de retraites à l’époque, il n’y en avait guère mais la société était souvent assez structurée pour ne pas abandonner ceux qui ont déjà remplit leurs fonctions…
L’Abbé Guille (qui ne boîtait pas) était apparemment un excellent herboriste qui connaissait plus de 3 000 plantes. Pour se rendre utile et garder le contact avec une forme de spiritualité que les distillateurs connaissent bien, il mit au point en 1888 une recette de liqueur composée d’une vingtaine de plantes assemblées autour de la fine fleur de la flore locale : la Vulnéraire (Hypericum Nummularium).
Il explique sa démarche et le sens de sa liqueur dans un petit feuillet publicitaire édité par Vincent Bon vers 1912 et que m’a offert M. Charpin, son successeur.Voici le texte de notre Abbé qui est un savant éloge du spiritueux médicinal, donc un remède et non un poison ou une drogue comme il est coutume de le dire aujourd’hui.
Dès les premiers temps de mon ministère paroissial, j’avais été frappé par la fréquence vraiment extraordinaire des malaises, voire des maladies graves causées par les mauvaises digestions, et un quart de siècle d’observation n’a fait que confirmer en moi cette conviction, que la cause des nombreuses maladies, plus ou moins graves, dont l’homme et la femme sont victimes à tout âge, réside dans une digestion défectueuse. Alors par un enchainement tout à fait naturel de cause à effet, la répétitions de mauvaises digestions fatigue, détériore, l’estomac, et un estomac malade ne peut plus effectuer que de déplorables digestions.
Ces digestions incomplètes, tardives, laborieuses, sont toujours accompagnés et suivis de troubles variés très funestes, très dangereux tels que la paresse de l’estomac, avec crampes lancinantes, insomnies, maux de têtes, langueurs, étourdissements, troubles nerveux, mélancolie, bouche amère, pâteuse, envie de vomir, ballonnements du ventre après les repas, et autres malaises avant-coureurs habituels de maladies plus graves, au premier rang desquelles il faut placer la neurasthénie, cette maladie d’autant plus redoutable qu’elle est plus insidieuse. Elle a envahi, de nos jours, toutes les classes de la société, multipliant ses méfaits à travers la campagne aussi bien que dans les villes, car elle pénètre partout, jusque dans les campagnes les plus reculées, jusque sur les montagnes. J’en ai vu moi-même des exemples effrayants qui sont allés jusqu’au suicide.
Je dirais même que ce terrible fléau de la société actuelle - car il est vrai que la neurasthénie est de découverte relativement récente - est plus à redouter à la campagne qu’à la ville, à cause de la difficulté de se soigner où se trouvent généralement les malades. Point de médecins, point de remèdes; et la maladie a déjà fait de grands progrès quand on se décide à se rendre à la ville voisine pour consulter un médecin. Mais le médecin est absent, appelé auprès d’autres malades : il faut reprendre tristement le chemin du retour en se demandant quand on pourra revenir, car ces voyages sont fatigants, dispendieux, et on attend… On attend que la maladie soit devenue incurable. Ainsi en est-il de la plupart des pauvres malades, de la campagne et pour toute sorte de maladies.
Ce sont ces considérations, constamment avivées par le spectacle attristant des ravages causés par les mauvaises digestions, qui m’ont engagé à chercher un moyen simple, pratique, à porté de toutes les mains, pour prévenir ces tristes maladies et, au besoin, les guérir.
Sachant que les plantes de nos montagnes sont très riches en substances médicamenteuses, et que précisément, c’est du produit de nos montagnes que les pharmacies s’alimentent en une forte proportion, je résolus de mettre à profit ma science de la botanique à laquelle j’avais travaillé très sérieusement. Je fis un choix dans mon herbier, qui contenait près de trois milles plantes, et, par des macérations et des mélanges successifs, à doses variées, j’obtins des résultats qui encouragèrent mes recherches.
Au bout de quelques années d’études persévérantes, j’avais complété la liste des plantes dont j’utilisais les fleurs ou les fruits des unes, les feuilles ou les racines des autres, et je pouvais fixer d’une manière rigoureuse la formule que j’ai suivi depuis scrupuleusement.
Durant un vingtaine d’années, je fabriquais une certaine quantité de ma liqueur pour mon usage personnel et celui de nombreux amis.
Ce n’est qu’après cette expérience, longue et convaincante, que je cédais aux instances de nombreuses personnes qui avaient éprouvé ma Liqueur et que je me décidais à la fabriquer en plus grand, afin de faire bénéficier tout le monde d’une invention qui avait fait ses preuves, quoique dans un rayon restreint.
Dans ce but, je m’associait M. Vincent Bon, distillateur-liquoriste, car je savais que son usine du Pont-d’Arvan, à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) était pourvue de l’outillage le plus perfectionné et installée suivant les données de la science moderne la plus éclairée.
J’ai donné à mon invention le nom de MONT CORBIER parce que ce nom est celui d’un des plus beaux monts de la Maurienne, mont très élevé, non loin des confins de la Savoie et de l’Isère et entièrement couvert d’un fin gazon, d’où j’ai tiré la plupart des plantes aromatiques qui composent ma Liqueur.
En effet, le Mont Corbier n’est pas autre chose qu’un mélange judicieux de sucs végétaux extraits d’un nombre - vingt espèces - de plantes aromatiques de hautes montagnes.
Ces sucs végétaux sont additionnés d’alcool de vin de première qualité et ce mélange est porté à 43°, titre assez modéré pour ne pas affecter les muqueuses stomacales, mais suffisant, cependant, pour cuire les aliments et opérer une digestion en quelque sorte automatique qui, neutralisant complètement l’action nocive de l’indigestion, soulage l’estomac et le remet en état de fonctionner normalement.
D’ailleurs, l’amertume franche qui caractérise le Mont Corbier prouve, par elle-même, que cette liqueur est douée d’une très grande efficacité digestive, apéritive, tonique. (…)
… Ainsi le Mont Corbier, suc végétal, apéritif, digestif, et tonique, constitue à la fois un remède très efficace et une liqueur de table agréable et bienfaisante (…)À noter la remarque judicieuse : « Le Mont Corbier ne risque pas de brûler l’estomac : il n’a que 43° »…
Merci M. le Curé ! Aujourd’hui, on va presque en prison pour un discours pareil (et bravo pour la plume : je reste admiratif…) !
Je note dans le livret que la liqueur est préparée dans une « vieille eau-de-vie de vin » (et non un alcool soi-disant neutre d’origine agro-industriel produit et planifié à bas prix par des multinationales peu scrupuleuses de la santé des consommateurs…).
Le livret se termine avec un témoignage élogieux d’un certain Joseph Bocuse, restaurateur à Collonge au Mont d’Or et père d’un certain Paul Bocuse.
Les plantes sont des classiques de la liquoristerie avec quelques plantes locales réputées, comme la Vulnéraire (également présente dans la Chartreuse voisine). La distillerie Bon et ses successeurs procèdent en une macération-distillation classique suivie d’un ajout de sirop et d’un colorant (brou de noix et caramel). C’est la distillerie Dolin de Chambéry qui la produit aujourd’hui.
Il existe de nombreuses distilleries qui produisent des liqueurs similaires dans les campagnes de France (là où les médecins manquent…), principalement dans les régions montagneuses où la flore sauvage est encore connue et respectée des habitants, la Chartreuse est l’exemple le plus connu. Il y a dans les Alpes une véritable tradition de liqueurs aux plantes amères, les Kreutzers, qui sont de puissants soutiens du foie. Le foie est l’un des organes les plus importants pour l’entretien de la santé (plus que l’estomac cité par l’Abbé, mais à chaque époque sa digestion…). Mais on peut encore citer la Liqueur des Gaulois du Massif Central, l’Eau d’Arquebuse (crée par les Frères Maristes au XIX° siècle à partir de vieilles recettes de la renaissance et encore produite aujourd’hui), l’Eau de Mélisse des Carmes (encore un alcool de moines qui est surtout développé pour la pharmacie aujourd’hui) et mille autres qui sont élaborées dans les distilleries artisanales qui ont éclots ça-et-là dans nos campagnes ces dernières années.
À mon avis, les propriétés médicinales de ces recettes sont vraiment valorisées par les paysans-distillateurs, et particulièrement ceux qui utilisent un alcool artisanal fait maison (alcool de vin ou de pomme le plus souvent), à l’exclusion des carburants industriels pas chers proposés par le marché mondial, excusez mes répétitions…Un grand merci à M. Charpin, successeur de Vincent Bon qui m’a fait découvrir cette liqueur du Mont-Corbier.
Matthieu Frécon, Sarreyer, Mai 2025
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Homéopathie maison : coquelicot 3K, un somnifère efficace
- Le 21/07/2018
- Dans Recettes pour la pharmacie & soins du corps
Petits remèdes maisons :
Coquelicot 3 CH, un somnifère homéopathique à faire soi-même en quelques minutesDe gauche à droite : Le flacon de dilution en 3K, Le tube de granules terminé, le bocal de teinture-mère de fleurs de coquelicots dans de l'alcool à 70% (maison), un flacon d'alcool (maison) à 50% pour faire les dilutions, 2 tubes de granules d'arnica 5 CH, le bocal de teinture-mère d'arnica (une fleur dans 5cc d'alcool à 70%).
L’homéopathie est une médecine qui a marqué le monde de la santé a un point que l’on a du mal à imaginer aujourd’hui. Il y a 100 ans, il existait des hôpitaux qui lui était entièrement dédiés. Les écoles d’homéopathes étaient courantes et les laboratoires de fabrications de remèdes homéopathiques nombreux (et soigneux).
Aujourd’hui, il y a encore des traces de cette gloire et de cette pratique éprouvée en Inde. La médecine de Samuel Hahnemann est encore répandue en occident, même si la France est le pays le plus pauvre dans ce domaine, comme dans bien d’autres d’ailleurs aujourd’hui…
Ce que l’on ne réalise pas avec cette médecine à l’âme paracelsienne, c’est que les principes et les procédés de fabrications sont extrêmement simples à mettre en œuvre et qu’il est tout à fait possible, et même très facile, de faire ses propres remèdes maisons sans laboratoire ni blouse blanche… il suffit d’une plante (si le remède est fait à base de plante), d’un peu de goutte (un alcool de fruit naturel genre gnôle de bouilleur de cru fait très bien l’affaire), d’un petit flacon, et éventuellement d’un tube de granules vierges si l’on choisit cette présentation (que tant Hahnemann que moi-même on préfère à la dilution en gouttes).
J’ai déjà fait quelques articles sur ce site pour présenter la fabrication de remèdes homéopathiques maison (ici, et là) et je vous propose aujourd’hui de vous faire une dilution de coquelicots qui est une aide précieuse très efficace pour trouver le sommeil pendant des périodes difficiles d’insomnies.On commence par mettre quelques fleurs de coquelicots dans un peu d’alcool (un alcool blanc naturel titrant entre 45% et 70% est parfait), la teinture va très vite devenir rouge (et les pétales vont se décolorer). Votre « teinture mère » est prête (Hahnemann appelle « teinture mère » une solution de plante fraiche, et non sèche, dans l’alcool).
Je vous propose maintenant une dilution en 3° centésimale (c’est une faible dilution qui permet de garder l’effet classique de la plante connu en phytothérapie) par la méthode dite du « flacon unique », inventée par Korsakov, qui était un élève d’Hahnemann.
Attention, si vous êtes un matérialiste pur et dur, le procédé suivant risque de vous décoiffer un peu… Rappelez-vous que seul le résultat de l’expérience comptera, et non la présence ou l’absence d’explications (et je dois vous avouer que malgré ma longue expérience de la pratique homéopathique et malgré le fait que je sois absolument convaincu de son efficacité, il m’arrive moi-même d’être parfois un peu perplexe sur la solidité de ma raison quand je fais mes dilutions - heureusement, je goûte toujours mes préparations et je suis toujours rassuré).
Faites, essayez, et vous verrez…1. Versez votre teinture-mère dans le flacon (un flacon neuf genre flacon pour huiles essentielles de 10 à 30 ml avec un compte-goutte sera parfait), puis reversez le tout dans le bocal qui contient la teinture-mère, sans secouer pour qu’il reste quelques gouttes dans votre flacon.
2. Ajoutez une centaine de gouttes d’alcool dans ce flacon, fermez-le et secouez-le vigoureusement 100 fois. Votre 1° dilution centésimale (CH) est prête.
3. Versez cette précieuse préparation dans l’herbe, sans secouer.
4. Ajoutez à nouveau une centaine de gouttes d’alcool dans ce flacon, fermez-le et secouez-le encore vigoureusement 100 fois. Votre 2° centésimale korsakowienne (K) est prête.
5. À nouveau, jetez-là sans sourciller…
6. Rajoutez une dernière fois une centaine de gouttes, dynamisez (secouez) 100 fois, votre 3° K est prête.
7. Ne la jetez pas (sinon, refaites l’opération une 4° fois, ce ne sera pas grave…).
Vous pouvez maintenant utiliser cette dilution en 3 K telle quelle. Il suffit de la secouer comme une bouteille d’Orangina avant l’utilisation à raison de quelques gouttes sur la langue au moment de s’endormir.
Vous pouvez aussi terminer la préparation en imbibant des granules vierges de quelques gouttes de votre dilution que vous laisserez sécher au soleil avant de les remettre dans leur tube.Comment j’imbibe les granules
8. Je mets sur une assiette une feuille de papier absorbant (Sopalin, papier de ménage ou essuie-tout selon les pays…), bio et blanchit sans chlore c’est mieux. Je verse dessus le contenu d’un ou de plusieurs tubes de granules vierges. Je verse quelques gouttes sur ces granules et je les remue doucement jusqu’à ce qu’ils brillent tous, ce qui est le signe qu’ils tous imbibés.
9. J’attends que le soleil (au soleil c’est mieux) sèche mes granules, puis je les remets, si possible sans les toucher, dans leurs tubes.
10. Une fois au lit, je mets environ 3 granules sous ma langue et je teste…
Ces granules se gardent plus longtemps que j’ai pu le tester moi-même en 15 ans d’expérience.
Où trouve t'on des granules vierges ? En France, vous pouvez acheter des tubes de "Saccharum Lactis" en 1 ou 2 DH, ou 1 ou 2 CH. Ce sont de faibles dilutions de saccharose-lactose qui servent pour les placebos en homéopathie et qui feront donc office de granules vierges. En Suisse et en Belgique, certaines pharmacies ou drogueries pouroont vous vendre des tubes de granules vierges. Si comme moi, vous en faites une grosse consommation, vous pouvez commander des seaux de 1kg (ou plus) de granules avec leurs tubes chez Vanda France (il y a d'autres fournisseurs, mais je connais Vanda France).
Où trouve t-on l'alcool pour faire les dilutions ? Vous pouvez apprendre à le distiller vous-même en lisant cet article, ou mon livre 'L'Alambic…".
Bonnes nuits !
La prochaine fois, on restera dans le même domaine avec un aphrodisiaque (heu, disons, un régénérant…).
Les principes et les procédés de fabrications de l’homéopathie sont clairement décrits dans « l’Organon ou art de guérir » de Samuel Hahnemann qui aussi complet que facile d’accès. Si vous vous intéressez à l’homéopathie, ne vous privez pas de ce livre magnifique écrit par le père de cette médecine magnifique.
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Distillats et bobos, et préparation de la teinture de Propolis
- Le 18/12/2017
- Dans Recettes pour la pharmacie & soins du corps
Distillats et bobos, et comment faire une excellente teinture de propolis
(Ou, Comment pourrait-on vivre sans l'alambic ?)Ce soir, j'ai eu la mauvaise idée de laisser ma jambe trainer entre deux chiens peu civils… De retour, ma compagne, qui est aussi la maitresse du satané cerbère responsable des trous qu'il y a maintenant dans mon jambon gauche, et après que l'on se soit fait cuire un petit hot-dog (et oui, j'ai fait une entorse à mon régime végétarien) m'a distillé ses soins.
J'ai eu droit à :Tout d'abord, nettoyage à l'hydrolat de lavande
Ensuite, pour désinfecter et aider la cicatrisation, j'ai eu droit à de la teinture de calendula
Puis, j'ai eu un mélange d'huile de millepertuis et d'huile d'arnica augmentées de quelques gouttes d'huiles essentielles de lavande fine et de tea-tree,
Enfin, le plus fin pour la fin : une teinture de propolis spéciale dont je vous donne le secret plus bas.
Et puis, quand tout ça a bien pénétré, j'ai eu droit à un cataplasme d'argile dilué dans l'hydrolat de lavande plus quelques gouttes des HE lavandes et tea-tree.
L'hydrolat de lavande, c'est de la lavande fine, ou aspic en moyenne montagne, distillée dans cet appareil :
La teinture de calendula (soucis) se fait en mettant une part (en poids) de plantes dans deux parts d'alcool (esprit de vin à 70°), longue macération.
L'esprit de vin a été distillé avec cet appareil :L'huile de millepertuis est une macération de cette plante dans de l'huile d'olive, celle d'arnica est une macération dans de l'huile de tournesol, bocal au soleil tout l'été (pas d'alambic pour ces préparations). Les huiles essentielles sont distillées dans cet alambic :
La teinture de propolis est une macération (un mois minimum) de propolis brute (nettoyée) dans de l'esprit de vin à 65°. 1 part de propolis dans 2 parts d'alcool (ce qui donne une propolis à 33% de concentration). La propolis que nous fabriquons maintenant est faite dans de l'alcool de miel (qui vient des mêmes ruches que la propolis).
Pour faire de l'alcool de miel, il suffit de faire fermenter 1 part de miel dans 3 parts d'eau (j'utilise habituellement de l'eau de neige). Normalement, la fermentation démarre toute seule s'il fait assez chaud (20°c. est parfait) et est parfois assez longue. Le rendement est assez faible : il a fallu 40 kg de miel pour obtenir 5 litres d'alcool à 65%…
Cette teinture de propolis dans l'alcool de miel est le grand luxe, mais ses propriétés sont extraordinaires… c'est un remède universel pour les plaies, les bessures, les problèmes de dents, les maux de gorges, pour se booster l'hiver &c… Et son goût est délicieux !
Allez, j'en profite pour faire la pub de nos petits flacons…
Nous vendons ces propolis (faite à l'esprit de vin - bio et nature distillé par nos soins ; et faite à l'esprit de miel - tout aussi bio et nature et bien sûr distillé par nos soins) que vous pouvez nous commander.Flacon de teinture de propolis dans l'esprit de vin, 30 ml. : 18 CHF/16 €
Flacon de teinture de propolis dans l'esprit de miel, 30 ml. : 25 CHF/22,50 €Commandes, frais de port, règlement : me contacter à : matthieu[AT]edelweiss-distillerie.ch
Dois-je préciser pour conclure que, comme Siné, je préfère les chats aux chien, mais pas seulement parce qu'il n'y a pas de chats policiers… -
Arnica 5 CH : Faites-le vous-même (et en vacances) !
- Le 07/05/2013
- Dans Recettes pour la pharmacie & soins du corps
L'été dernier, lors d'un petit voyage en camping en Suisse, l'arnica était en fleurs. C'est une fleur magnifique et j'ai eu envie d'en faire ma dilution homéopathique (notre fille d'un an apprenait alors à marcher…).
Nous étions en camion, le laboratoire se composait d'un pot de yaourt en verre avec son couvercle à vis, vide et bien nettoyé, d'une bouteille d'eau-de-vie de prune maison (45°), et d'un tube de granules vierges que l'on trouve dans les pharmacies françaises sous le nom de "saccharum lactis 2 DH ou 2 CH… Ce n'était certes pas assez pour recevoir l'approbation de l'agence du médicament, mais avec un peu de connaissances (que l'on trouve dans l'Organon d'Hahnemann, et dans cet excellent livre ;-) c'était bien assez pour pouvoir sans risques tenter l'expérience !
Voici comment procéder :
1. La teinture : Mettre quelques fleurs dans l'alcool (pour ceux qui seraient rassurés par des indications précises, disons que l'on met les fleurs dans le flacon, moitié plein, et on ajoute l'alcool jusqu'au niveau des fleurs).
Quelques heures, ou quelques jours plus tard, la teinture est prête : il ne reste plus qu'à diluer.
2. Verser la teinture par terre (oui, vous avez bien lu…). Le flacon est resté humide, remplissez-le d'une centaine de gouttes d'alcool, c'est-à-dire d'un fond d'alcool (toujours la prune si vous n'avez pas autre chose !), refermez le flacon pour le secouer vigoureusement 100 fois en le tapant fortement sur une bible écrite en caractères gothiques reliée cuir (c'est mieux, mais on peut s'en passer si l'on ne dispose pas de cet accessoire dans son matériel de camping). Votre "Arnica 1 CH" est prêt, il ne vous reste plus qu'à le verser par terre lui aussi (oui oui, vous avez bien lu…).
Refaites le plein d'une centaine de gouttes de prune (à vu de nez, ça fait une dose de schnaps pour un petit buveur) et retapez le tout encore 100 fois : votre "Arnica 2 CH" est prêt, à retourner à la terre… Continuer jusqu'à la dynamisation du 5 CH (la dynamisation, c'est l'étape ou l'on tape).
Ne jetez pas votre dilution 5 CH : c'est elle que l'on utilise pour soigner les bobos (mais si vous vous êtes emporté et que votre 5 CH est déjà par terre, faites une 6 CH, ça marchera pareil).
3. Vous pouvez maintenant utiliser votre dilution de Arnica 5 CH telle qu'elle : 1 goutte sur la langue, ou sur un sucre avant ingestion. En plus, pour consoler des bobos, une petite goutte d'eau-de-vie, ça peut aussi aider (non, je plaisante, il ne faut pas dire des choses comme ça…).
Personnellement, je préfère la forme de granules. Je trouve ça plus pratique à utiliser, et ma fille aime bien les "dadounes" (mais en fait, je ne sais pas si elle aimerait la forme alcoolisée, je n'ai pas essayé… manque de rigueur scientifique !). Pour ça, je verse le contenu d'un tube de granules vierges (Saccharum Lactis 2 DH, ou 2CH donc) sur une feuille de sopalin que j'ai posée sur un bol pour faire un petit creux, j'imbibe de quelques gouttes et je laisse sécher au soleil. Quand c'est sec, je les remets délicatement dans le tube (de préférence sans les toucher). C'est prêt.
4. Essais. Dans ces domaines, il est inutile d'ergoter sur ce qu'il faut faire, ou ce qu'il est hérétique de faire : il faut essayer.
Si vous n'avez pas d'enfant turbulent en bas âge qui se fait des bobos tout le temps et qui sera votre cobaye, vous devrez essayer vous même sur vous (je plaisante, il faut toujours essayer d'abord sur soi quand on fait ce genre de choses). Choisissez la méthode qui vous conviendra le mieux pour avoir l'occasion de tester l'efficacité de ce remède contre les coups et les chocs. Personnellement, j'attends que la providence m'en donne l'occasion, sans forcer le destin à coups de marteau sur le doigt, mais vous êtes libre de choisir ce qui conviens le mieux à votre sensibilité.
Après l'avoir testé sur moi-même donc, sans d'ailleurs avoir de raisons (je suis devenu sensible à mes préparations homéopathiques), ma fille m'a suggéré par un cri très expressif, et juste après avoir tenté un nouveau pas dans une zone encombrée de la maison, de lui donner 3 granules. Les cris et les larmes ont stoppées dès que les granules de papa étaient dans sa bouche.
Que tirer comme conclusions ? Placebo ? Hasard ? Efficacité extraordinaire ?
Seule l'expérience pure compte…
D'ailleurs l'expérience a été répétée souvent, avec succès.
Il existe de nombreuses préparations du genre que l'on peut se faire soi-même avec du matériel que tout le monde peut avoir chez soi. Cette pratique de la pharmacie homéopathique familiale est assez peu répandue en France, c'est dommage. Je donne quelques applications dans mon livre, mais j'imagine qu'iil y en a beaucoup d'autres que je ne connais pas.
Et vous, avez-vous des recettes similaires ? (donnez-nous vos trucs en commentaires !!!)
Quelques précisions :
l'homéopathie, comment ça marche ?
J'en sais rien, franchement, je n'en sais rien du tout. Ça ne me gène pas ? Non, pas le moindre du monde, mes granules d'Arnica soignent les bobos, ça me suffit.
Hahnemann (CH) et Korsakov (K) :
La technique présentée ici, le flacon unique, est une variante de la technique hahnemanienne orthodoxe. Elle a été élaboré par Korsakov, médecin militaire et disciple du fondateur de l'homéopathie et a d'ailleurs été reconnue par Hahnemann lui-même. Elle sert habituellement pour les dilutions extrêmement élevées (1000°, 10 000°… 1 000 000°…) mais fonctionne tout aussi bien dans les basses dilutions comme celle-ci. Elle est extrêmement pratique pour l'amateur. C'est ma méthode préférée lorsque j'ai une matière première suffisamment disponible.
Quand j'écris "Arnica 5 CH", selon le procédé donné, je devrais écrire "Arnica 5 CK", mais bon, vous avez compris…
Ces pratiques peuvent-elles être dangereuses pour l'amateur ?
A moins de prendre d'énormes quantités de granules à très basse dilution de matières toxiques (mercurius 3 CH par exemple…), les effets de l'homéopathie ne sont pas dangereux. Il faut être modéré et raisonnable comme pour tout. Il faut toujours tester sur soi-même les remèdes avant que d'éventuellement les donner à ses proches. Il faut aussi se renseigner sur les effets connus des remèdes que l'on fabrique sois-même (Arnica est un remède homéopathique classique). Je ne conseille pas de faire de l'expérimentation pure avec des matières non connues en homéopathie. Il est de toutes façons plus dangereux d'essayer une tisane d'une plante que l'on ne connait pas.
J'ai moins confiance dans bien des médicaments commercialisés que dans mes petites granules maisons (mais ça n'engage que moi…).Vous vous posez d'autres questions ?
Merci de laisser vos commentaires !PS. Ma fille adorée me pardonne de lui faire ce protrait injuste : elle est en fait très adroite et n'a presque jamais besoin de mes soins d'urgences !
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Démaquillant régénérant de la peau
- Le 07/01/2011
- Dans Recettes pour la pharmacie & soins du corps
Démaquillant & régénérant de la peau
Aujourd'hui, c'est ma compagne Claire Vergnaud, l'aromatologue de la maison, qui nous donne sa recette de démaquillant des yeux à base d'hydrolats.
On utilise 1 volume d'hydrolat de camomille, 1 volume d'hydrolat de rose, 1 volume d'hydrolat de bleuet, et 1 volume d'huiles végétales. Ces huiles sont un mélange à parts égales d'huiles de jojoba, de ricin, et de macadamia.C'est très simple : on mélange les hydrolats,
on rajoute les huiles,
on secoue,
Il est possible de faire une formule très simplifiée avec l'un ou l'autre de ces hydrolats, et l'une ou l'autre de ces huiles, dans les mêmes proportions eau/huile. Par exemple : 3 parts d'hydrolat de bleuet, 1 part d'huile de jojoba.
J'aurais bien rajouté une part de teinture alcoolique de racines de chélidoine (voir l'ALAMBIC p. 249), mais Claire me l'a défendu (c'est vrai que c'est un peu aggressif si l'on s'approche trop des yeux), cette teinture s'applique autour des yeux et renforce la vue.
À propos du bleuet, il est amusant de noter que cette fleur se nomme Khöl en hébreu, ce qui se rapproche de la poudre à base d'antimoine ou de galène que prépare les arabes pour se protéger les yeux justement.(photo : Étienne Fournier. Extrait de hydrolats & eaux florales de Claire Montésinos)
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Shampooing tonique du cuir chevelu
- Le 07/11/2010
- Dans Recettes pour la pharmacie & soins du corps
Cette fois-ci, c'est mon ami et voisin Gérard Claeys qui fourni la recette : il s'agit d'un shampooing traitant contre la chute des cheveux.
Gérard est aromatologue, il élabore des formules, enseigne l'aromathérapie, conseille &c… vous en saurez plus en visitant son site : http://gerard.claeys.perso.sfr.fr/.
En fait, je lui avais présenté la formule d'un shampooing miracle qui fait repousser les cheveux, mais cette recette alchimique a le petit inconvénient de ne pas faire repousser que les cheveux (à cause de son odeur quelque peu repoussante en effet, ceux qui connaissent certaines de mes préparations auront deviné) et, très charitablement pour les lecteurs de ce blog, Gérard a proposé d'élaborer une formule plus agréable à base d'hydrolat de romarin et d'huiles essentielles.
Les ingrédients se trouvent tous chez aromazone, le fournisseur incontournable de matières premières pour les préparations aromathérapeutiques ou cosmétiques. Aromazone est aussi remarquable pour la généreuse publication de recettes et de conseils pour la fabrication maison de médecines ou de cosmétiques. On doit à ce magasin le renouveau de la fabrication maison de produits de soins et de beauté, ce qui reste autorisé dans une société où la fabrication artisanale devient extrèmement difficile à cause de l'évolution des normes (pour votre sécurité…).
La fabrication de cosmétiques ou produits de soins tels que ce shampooing est intéressante notamment parce qu'elle permet de se familiariser avec le travail du laboratoire maison et est une bonne introduction à la préparation de médecines douces telles que les élixirs floraux de Bach, la phytothérapie ou l'homéopathie.
Voici la formule :
- base moussante douceur 40%
- douceur de coco 5%
mélanger au fouet et chauffer légerement
ajouter l'hydrolat de romarin dilué par moitié avec de l'eau de source petit à petit en mélangeant délicatement
la partie aqueuse hydrolat+eau= 50 %Ensuite, on ajoute les actifs
- les actifs huiles essentielles 1% ( cèdre, romarin cinéole, sauge officinale, palmarosa, genévrier)
- les autres actifs huile de jojoba 2%
- extrait d'ortie 2%
ajoutez 20 gouttes de pépin de pamplemousse par litre de shampooing fabriqué
Résumé pour 1 litre de shampooing fabriqué
400ml base douceur
50ml douceur coco
250 ml hydrolat de romarin
250 ml eau de source
20ml huile de jojoba
2ml cèdre
2ml romarin cinéole
2ml sauge off
2mlpalmarosa
2ml génévrier
20 gouttes de pamplemousseFabrication de l'extrait d'ortie
900ml eau bouillie
100 gr d'ortie séchée
infusion 10 mn filtrer
ajouter 40 gouttes de pamplemousse pour la conservation1 ml. d'HE équivaut à environ 30 à 35 gouttes.
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Recette de dentifrice
- Le 10/04/2010
- Dans Recettes pour la pharmacie & soins du corps
Bonjour,
L'alambic est vraiment un outil très précieux à l'homme, sans nul doute le plus précieux de tous : sans lui, pas d'huiles essentielles…
Je vous propose cette fois une recette de dentifrice à faire soi-même qui utilise les huiles essentielles. C'est ma compagne Claire Vergnaud qui l'a mise au point et nous l'utilisons depuis quelques temps. C'est un exemple et il existe de nombreuses variantes, si vous utilisez une recette différente avec des huiles essentielles ou des hydrolats, n'hésitez pas à nous en faire part en commentant l'article.
Il y a de nombreuses recettes du genre dans mon livre L'ALAMBIC que je ne me lasse pas de recommander, j'espère que nous aurons ici, sur ce blog, l'occasion d'échanger nos connaissances respectives…
Poudre dentifrice :
2 cuillères à soupe de kaolin (argile blanche ventilée), 1 cuillère à café de bicarbonate de soude, 1 pincée de sel, 1 cuillère à café d'orties en poudre fine, 1/2 cuilère à café de prêle en poudre très fine également.
5 gouttes (gtes) d'huile essentielle (HE) de girofle, 5 gtes d'HE de tea-tree, 5 gtes d'HE de laurier noble, 3 gtes dHE de basilic, 5 gtes d'HE de citron, 3 gtes d'HE de lavande fine, ou lavande aspic.
On peut parfumer avec, au choix, HE de cannelle, menthe poivrée, sauge…
Cette poudre peut être transformée en pâte en ajoutant des hydrolats choisis, mais nous n'avons pas encore essayé.