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  • Initiation à la spagyrie et aux médecines alchimiques

     

    Une journée d'initiation à la Spagyrie et aux Médecines Alchimiques

                                                    A Nyon (Suisse), le 3 novembre 2013

     

              Un stage pour les professionnels de la santé et les amateurs qui souhaitent s'initier à la philosophie pratique des spagyristes du passé.

     
    La spagyrie n'est-elle vraiment qu'une simple technique proche de la phytothérapie ? ou bien un art alchimique qui à ce titre contient une véritable philosophie de la nature et qui, au contraire de certaines branches de l'alchimie, est axé sur la santé et comprend diverses pratiques dont certaines sont d'une simplicité et d'une efficacité remarquable ?

    Cette journée d'initiation à la médecine alchimique se veut essentiellement pratique : toutes les étapes de la confection d'un élixir seront réalisées, et le fruit du travail obtenu pourra être dégusté en fin d'après-midi par les participants…

    De nombreuses voies très simples seront abordées progressivement d'une manière très pédagogique qui vous permettront d'avoir en main tous les éléments pour élaborer vos préparations chez vous, sans installation couteuse et sans connaissances développées.

    Une réflexion sur le thème de la santé et de la thérapeutique du point de vue de l'alchimiste est proposée, qui vous permettra d'intégrer cette pratique dans votre activité professionnelle ou dans votre vie quotidienne.

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    Programme de la journée :

    • Matin : autour d'une distillation de romarin : kethar.jpg

    • Histoire de la distillation : époque préhistorique, alchimistes et parfumeurs dans l'antiquité ; les spiritueux très spirituels en Europe chrétienne ; Les grandes voies alchimiques et Paracelse ; la triade essentielle Santé/Bien-être/Spiritualité.

    • Les principes fondamentaux de l'alchimie et leur application spagyrique.

    Après-midi : atelier pratique :

    • Fabrication d'un élixir spagyrique et application sous forme homéopathique ; présentation de différents travaux alchimiques.

    Toutes les opérations seront présentées sous une forme simple : le matériel est réduit au minimum, même la distillation de l'esprit-de-vin peut être réalisée n'importe où, sans risque, ni désagrément pour l'environnement familial…

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    La description alchimique de la voie du pauvre, ou voie brève, qui se résume en "Une matière, un vase, une opération" rentre dans notre cadre et sera décrite en détail. L'application thérapeutique qui en découle est simple, sans risque, et d'une efficacité extraordinaire…

    L'animateur de ce stage, Matthieu Frécon, distillateur professionnel dans le sud de la France et alchimiste depuis plusieurs décennies, est connu pour sa pédagogie et son intérêt pour la transmission des savoirs traditionnels. Son site www.devenir-distillateur.com est une référence dans le milieu des distillateurs (alcools et plantes aromatiques) comme dans celui des amateurs ou praticiens des médecines naturelles et alchimiques. Il est également l'auteur de "L'Alambic, l'Art de la Distillation, alcools, parfums, médecines".

    Les photocopies du cours sont habituellement données aux participants en début de stage pour faciliter l'acquisition de ce programme très dense.

     
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    Voyez aussi l’article sur les formations distillation avec les commentaires des stagiaires ici :

    (http://www.devenir-distillateur.com/blog/annonces-livres-stages/stages-de-distillation.html)

     (Merci à Benoît Noël pour les photos)

     Renseignements et inscriptions :

    Lieu : La Colombière, 13 ruelle des moulins, Nyon.

    Horaires : 9.30 h. - 12.30 , 14.00  - 18.00

    Prix : 100 CHF (80 €) ; 80 CHF (65 €) pour AVS-AI-chômeurs

    Contacts et inscriptions : Contacter Matthieu


  • Stages de distillation

    Stage de distillation alcools

    Depuis quelques années, je donne une formation de deux jours sur la distillation des alcools. Cette formation a au départ été conçue pour les membres du syndicat SIMPLES qui sont en général des récoltants et utilisateurs de plantes aromatiques et médicinales (PPAM), voire des distillateurs d'huiles essentielles qui veulent découvrir l'autre face de l'alambic : celle qui fait la goutte.
    L'alcool, pour les professionels des PPAM, c'est une matière première nécéssaire à la fabrication des teintures mères, des parfums &c… C'est une matière première indispensable et précieuse et il n'est pas toujours facile d'en trouver de bonne qualité. L'un des but du stage étant d'apprendre les techniques et les possibilités légales pour produire son propre alcool de bonne qualité.

    Première journée : autour de l'alambic cours-pratique-conditions-reelles-ariege.jpg
    pedagogie-faites-le-vous-meme.jpg

    Les techniques : Le stage se passe autour d'un alambic traditionnel de bouilleur ambulant de 50 ou 100 litres, système simple à repasse. On distille du vin (ou du cidre en Normandie, en septembre 2013 par exemple) pour produire un "esprit-de-vin" qui est un alcool fort (environ 75°) qui convient à l'élaboration de teintures-mères, de liqueurs, ou autres préparations. On aborde les méthodes pour enlever les têtes et les queues &c… le tout d'une manière très simple, avec la technologie la plus simple possible (les principaux instruments de contrôles sont organoleptiques : on touche, on goûte, on sent…). discussions-au-coin-du-feu-jura.jpg
    Les possibilités légales : Ce sont en général l'agrément de distillateur (distillateur d'alcool donc), avec ou sans entrepôt ; ou bien l'utilisation ou la création d'un alambic syndical comme il en existe beaucoup dans l'Est de la France : les alambics communaux régis par une association.
    La journée se termine avec une dégustation (les stagiaires amènent leurs productions), qui est un toujours moment aussi important qu'agréable…

    Seconde journée : Spagyrie et médecines naturelles second-jour-en-salle.jpg
    L'alchimie de l'alambic, en pratique et en philosophie…

    La matinée commence avec l'histoire de la distillation :
    Premiers alcools, premières essences. Médecines, cosmétiques et boissons au cours de l'histoire avec les techniques primitives. La matinée se continue avec une réflexion sur la relation entre la santé, le bien-être, et la spiritualité (dit autrement : "du spiritueux au spirituel" - ou vice-versa) qui est une question que se sont posé les inventeurs des grandes boissons telles que les élixirs des Chartreux, ou l'Absinthe… et qui intéressera ceux qui sont à la frontière du bien-être et de la santé. Un Kethar marocain distille son eau de lavande pendant la matinée.

    L'après-midi est consacrée à un exposé pratique sur la spagyrie.
    La spagyrie est une médecine alchimique qui a hérité de sa philosophie alors qu'elle laisse un peu de sa spiritualité au profit de la santé. J'ai l'habitude de parler de l'alchimie à la manière de "La Nature Dévoilée" qui est un livre très profond tout en restant toujours très clair et très imagé (et qui n'emploie pas de jargon ou ne parle jamais de façon codée), c'est-à-dire de manière simple et pratique. On voit en détail la fabrication d'un élixir spagyrique, ainsi que plusieurs autres travaux tradtionnels simples et très utiles. Toutes les étapes seront réalisées en pratique pendant l'après-midi (ce qui demande un peu d'attention parce qu'une demi journée pour réaliser ce programme, c'est court !). On utilise des systèmes de distillation simples tels que la cornue ou la tête-de-Maure, des systèmes de distillation solaire &c…
    Je termine en général avec des éléments de technique homéopathique qui permettent une utilisation des produits spagyriques.

    Le cours complet est donné sous forme photocopiée aux stagiaires en début de stage.

    Certaines sessions sont plus axées sur la distillation des eaux-de-vie alors que d'autres développent plus le programme spagyrie. Ce programme est modulable selon la demande. Je vous parlerai plus tard d'autres programmes de stages que je donne également autour de la distillation, en milieu scolaire notamment.

    Vous trouverez le programme partiel des stages sur l'agenda de ce site, si vous ne trouvez pas votre bonheur, vous pouvez m'écrire ici.

    Si vous avez suivi l'un de ces stages, merci de laisser un commentaire !



    Merci à Boris Perrin (Les Mutins de Pangée) qui a filmé plusieurs stages dont vous retrouverez l'essentiel dans le DVD qui accompagnera la réédition prochaine de "L'ALAMBIC". Les photos ci-dessus sont extraites de ces images.

    Comme d'habitude, passez la souris sur les images pour avoir les légendes.

  • Absinthe

    Une convergence d'éléments me ramène, c'est d'ailleurs chronique, à l'absinthe…

    Tout d'abord, je reviens d'un long voyage en Asie où j'ai eu l'occasion de distiller, entre des mangues et des litchis (je vous en parlerai très bientôt : en Thaïlande pour le compte d'une distillerie naissante, au Vietnam &c…) de l'Artemisia Annua, la variété asiatique de l'absinthe. Cette plante, plus que les autres apparament, est souveraine contre le palud.

    Rappelons que l'on doit le développement de l'absinthe (et de pas mal d'autres produits classés depuis parmis les drogues proscrites, LSD en tête) par l'armée. En l'occurence l'armée française en Afrique du Nord au XIX° siècle qui a trouvé avec notre fée un moyen de lutter contre la fièvre, entre autre.

    Actuellement, l'Artemisia Annua a toute l'attention de l'OMS qui voudrait en interdire l'usage généralisé dans le cadre de la lutte contre le paludisme pour empêcher les mutations de la maladie et réserver ce traitement reconnu aux malades les plus désespérés (j'admire cette politique de réserve que j'aurais aimé voir appliqué à l'usage des antibiotiques ou autres vaccins contre la grippe, ça viendra en son temps).

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    Distillation d'huile essentielle d'absinthe

    Lors d'un séjour au Vietnam chez mon ami Laurent Séverac (qui présente son travail dans les pp. 179 à 186 de la 1° éd. de "L'Alambic"), nous avons distillé cette absinthe précieuse. Distillation classique à la vapeur. Laurent utilise son huile essentielle dans ses parfums et dans une liqueur, une Absinthe aux huiles essentielles, que nous avons eu l'occasion d'apprécier au cours de belles soirées à Hanoï. C'est une liqueur forte et très corsée, très particulière et qui a, comme les nôtres, cette faculté de faire ressortir du fond de notre être profond cette nostalgie qui redonne la force et surtout l'espoir devant l'infini…

    Huile essentielle d'absinthe ? relèverons les spécialistes de l'histoire populaire de la chandelle verte… En effet, l'huile essentielle d'absinthe (l'extrait d'absinthe pour être précis) a été interdite en France en 1907, soit 8 ans avant l'interdiction de la boisson elle-même, pour cette fameuse question de teneur excessive en thuyone. Les analyses faites par Laurent Séverac à Grasse infirment une fois de plus le bien fondé des attaques contre notre fée : l'huile essentielle d'Artemisia Annua ne contient pas de thuyone en taux excessif.
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    La muse des poètes : "L'Absinthe" d'Aleister Crowley


    Cette journée magique de distillation d'absinthe me rappelle cette page écrite en français vers 1917 par le mage et poète Aleister Crowley publiée par le musée virtuel de l'absinthe et à l'époque dans la revue new-yorkaise The International (La légende de l'Absinthe sous le pseudonyme de Jeanne la Goulue, qui était une danseuse connue à Montmartre à cette époque). Crowley, personnage aussi extravant que complexe est l'un des plus grands explorateurs de l'imaginaire de tous les temps, ses cocktails contiennent parfois de l'absinthe, il pratiquait aussi les mélanges de grands vins dans le verre (voir son journal intime parisien "John St. John"), et toute sortes de choses moins recommandées par l'OMS notamment et qui auront pourtant un impact décisif sur la civilisation naissante de l'après 2° guerre mondiale. Alpiniste, il a signé une première sur le K2 himalayien en 1902. Enfin, la nécessité ou l'aisance l'ont parfois poussé à gagner sa vie en jouant aux échecs jusqu'à 6 parties simultanément, à l'aveugle évidemment.

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    (Pour en savoir plus sur l'actualité éditoriale de Crowley, voyez ici)


    & pour finir en beauté Benoît Noël

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    Pour  achever de vous mettre en bouche et avant d'enfin vous servir une petite verte (vous ne pourrez plus résister à l'envie), le délicieux écrivain et spécialiste entre tous de l'absinthe Benoît Noël a fait cette jolie "interview au coin du feu" que je relaie maintenant.

    Merci à Benoît pour son aide dans mon travail sur l'absinthe notamment, et surtout pour consacrer son talent à transmettre l'esprit subtil de la Fée Verte dans ses publications qu'il présente ici : http://www.herbaut.de/bnoel/ et que je vous recommande absolument.


  • On recherche des distillateurs !

    Aujourd'hui, j'ai reçu ces deux courriers…

    Bonjour,
    Je dispose d'une quantite de fruits particulierement des poires comment proceder et qui contacter dans le nord aveyron pour les distiller?

    et

    Bonjour, tous les ans nous avons des fruits a distiller et ou trouver un ambulant ou un lieu proche pour faire distiller ?
    Nous habitons dans le 64 près du gers et haute Pyrénées.
    voila notre soucie; un métier qui ce perd et des fruits aussi, reste le compost ; dommage, l'alcool de prune c'est quand même délicieux.
    cordialement

    Avis aux amateurs !

    Je rappelle qu'il y a sur ce site un (trop) petit répertoire des distillateurs qui reste très incomplet… S'il vous plait, alcoollegues bouilleurs ambulants, prenez un instant pour vous manifester, merci !

  • Arnica 5 CH : Faites-le vous-même (et en vacances) !



    L'été dernier, lors d'un petit voyage en camping en Suisse, l'arnica était en fleurs. C'est une fleur magnifique et j'ai eu envie d'en faire ma dilution homéopathique (notre fille d'un an apprenait alors à marcher…).


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    Nous étions en camion, le laboratoire se composait d'un pot de yaourt en verre avec son couvercle à vis, vide et bien nettoyé, d'une bouteille d'eau-de-vie de prune maison (45°), et d'un tube de granules vierges que l'on trouve dans les pharmacies françaises sous le nom de "saccharum lactis 2 DH ou 2 CH… Ce n'était certes pas assez pour recevoir l'approbation de l'agence du médicament, mais avec un peu de connaissances (que l'on trouve dans l'Organon d'Hahnemann, et dans cet excellent livre ;-) c'était bien assez pour pouvoir sans risques tenter l'expérience !

    Voici comment procéder :
    1. La teinture : Mettre quelques fleurs dans l'alcool (pour ceux qui seraient rassurés par des indications précises, disons que l'on met les fleurs dans le flacon, moitié plein, et on ajoute l'alcool jusqu'au niveau des fleurs).
    Quelques heures, ou quelques jours plus tard, la teinture est prête : il ne reste plus qu'à diluer.

    2. Verser la teinture par terre (oui, vous avez bien lu…). Le flacon est resté humide, remplissez-le d'une centaine de gouttes d'alcool, c'est-à-dire d'un fond d'alcool (toujours la prune si vous n'avez pas autre chose !), refermez le flacon pour le secouer vigoureusement 100 fois en le tapant fortement sur une bible écrite en caractères gothiques reliée cuir (c'est mieux, mais on peut s'en passer si l'on ne dispose pas de cet accessoire dans son matériel de camping). Votre "Arnica 1 CH" est prêt, il ne vous reste plus qu'à le verser par terre lui aussi (oui oui, vous avez bien lu…).
    Refaites le plein d'une centaine de gouttes de prune (à vu de nez, ça fait une dose de schnaps pour un petit buveur) et retapez le tout encore 100 fois : votre "Arnica 2 CH" est prêt, à retourner à la terre… Continuer jusqu'à la dynamisation du 5 CH (la dynamisation, c'est l'étape ou l'on tape).
    Ne jetez pas votre dilution 5 CH : c'est elle que l'on utilise pour soigner les bobos (mais si vous vous êtes emporté et que votre 5 CH est déjà par terre, faites une 6 CH, ça marchera pareil).

    3. Vous pouvez maintenant utiliser votre dilution de Arnica 5 CH telle qu'elle : 1 goutte sur la langue, ou sur un sucre avant ingestion. En plus, pour consoler des bobos, une petite goutte d'eau-de-vie, ça peut aussi aider (non, je plaisante, il ne faut pas dire des choses comme ça…).
    Personnellement, je préfère la forme de granules. Je trouve ça plus pratique à utiliser, et ma fille aime bien les "dadounes" (mais en fait, je ne sais pas si elle aimerait la forme alcoolisée, je n'ai pas essayé… manque de rigueur scientifique !). Pour ça, je verse le contenu d'un tube de granules vierges (Saccharum Lactis 2 DH, ou 2CH donc) sur une feuille de sopalin que j'ai posée sur un bol pour faire un petit creux, j'imbibe de quelques gouttes et je laisse sécher au soleil. Quand c'est sec, je les remets délicatement dans le tube (de préférence sans les toucher). C'est prêt.

    4. Essais. Dans ces domaines, il est inutile d'ergoter sur ce qu'il faut faire, ou ce qu'il est hérétique de faire : il faut essayer.
    Si vous n'avez pas d'enfant turbulent en bas âge qui se fait des bobos tout le temps et qui sera votre cobaye, vous devrez essayer vous même sur vous (je plaisante, il faut toujours essayer d'abord sur soi quand on fait ce genre de choses). Choisissez la méthode qui vous conviendra le mieux pour avoir l'occasion de tester l'efficacité de ce remède contre les coups et les chocs. Personnellement, j'attends que la providence m'en donne l'occasion, sans forcer le destin à coups de marteau sur le doigt, mais vous êtes libre de choisir ce qui conviens le mieux à votre sensibilité.
    Après l'avoir testé sur moi-même donc, sans d'ailleurs avoir de raisons (je suis devenu sensible à mes préparations homéopathiques), ma fille m'a suggéré par un cri très expressif, et juste après avoir tenté un nouveau pas dans une zone encombrée de la maison, de lui donner 3 granules. Les cris et les larmes ont stoppées dès que les granules de papa étaient dans sa bouche.
    Que tirer comme conclusions ? Placebo ? Hasard ? Efficacité extraordinaire ?
    Seule l'expérience pure compte…
    D'ailleurs l'expérience a été répétée souvent, avec succès.

    Il existe de nombreuses préparations du genre que l'on peut se faire soi-même avec du matériel que tout le monde peut avoir chez soi. Cette pratique de la pharmacie homéopathique familiale est assez peu répandue en France, c'est dommage. Je donne quelques applications dans mon livre, mais j'imagine qu'iil y en a beaucoup d'autres que je ne connais pas.

    Et vous, avez-vous des recettes similaires ? (donnez-nous vos trucs en commentaires !!!)

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    Quelques précisions :

    l'homéopathie, comment ça marche ?
    J'en sais rien, franchement, je n'en sais rien du tout. Ça ne me gène pas ? Non, pas le moindre du monde, mes granules d'Arnica soignent les bobos, ça me suffit.

    Hahnemann (CH) et Korsakov (K) :
    La technique présentée ici, le flacon unique, est une variante de la technique hahnemanienne orthodoxe. Elle a été élaboré par Korsakov, médecin militaire et disciple du fondateur de l'homéopathie et a d'ailleurs été reconnue par Hahnemann lui-même. Elle sert habituellement pour les dilutions extrêmement élevées (1000°, 10 000°… 1 000 000°…) mais fonctionne tout aussi bien dans les basses dilutions comme celle-ci. Elle est extrêmement pratique pour l'amateur. C'est ma méthode préférée lorsque j'ai une matière première suffisamment disponible.
    Quand j'écris "Arnica 5 CH", selon le procédé donné, je devrais écrire "Arnica 5 CK", mais bon, vous avez compris…

    Ces pratiques peuvent-elles être dangereuses pour l'amateur ?
    A moins de prendre d'énormes quantités de granules à très basse dilution de matières toxiques (mercurius 3 CH par exemple…), les effets de l'homéopathie ne sont pas dangereux. Il faut être modéré et raisonnable comme pour tout. Il faut toujours tester sur soi-même les remèdes avant que d'éventuellement les donner à ses proches. Il faut aussi se renseigner sur les effets connus des remèdes que l'on fabrique sois-même (Arnica est un remède homéopathique classique). Je ne conseille pas de faire de l'expérimentation pure avec des matières non connues en homéopathie. Il est de toutes façons plus dangereux d'essayer une tisane d'une plante que l'on ne connait pas.
    J'ai moins confiance dans bien des médicaments commercialisés que dans mes petites granules maisons (mais ça n'engage que moi…).

    Vous vous posez d'autres questions ?
    Merci de laisser vos commentaires !

    PS. Ma fille adorée me pardonne de lui faire ce protrait injuste : elle est en fait très adroite et n'a presque jamais besoin de mes soins d'urgences !

  • Dernières nouvelles du Web-minor-master

    Bonjour,

    En bidouillant sur les réglages du site, j'ai malencontreusement perdus mes réglages d'origines… Vu comme le site était une réussite très très moyenne sur le plan esthétique, ça ne pourra être que mieux quand j'aurais peaufiné un nouveau profil, mais enfin, pendant quelques jours, il faudra faire avec celui-ci…

    Bon, l'important, c'est pas le flacon mais bien l'ivresse n'est-ce pas ?

    à très bientôt sur un joli site…
    Matthieu

  • Conférence à Champ-à-Gnôle (Jura)

    À l'occasion d'une conférence à Champagnole (prononcez "champs-à-gnôle") dans le Jura une jeune femme de l'auditoire, Fanny Mazet (qui a le très beau site http://www.fannymazet.com/), a pris des notes suivantes…

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    Merci Fanny !

  • La distillation légale (ou pas) en Europe

    Comment peut-on encore distiller légalement ?

    1° partie : Les alambics espagnôles et la distillation en Europe

    Avertissement : cet article est beaucoup trop long et relativement imbuvable, j'espère que vous me le pardonnerez : le sujet est vraiment difficile, et j'en ai gros sur la patate (rien à voir avec l'article précédent sur la Vodka)…

    Que penser des alambics espagnôles que l'on achète sur Internet ?
    D'abord, je ne vous dirais pas ce que j'en pense personnellement, n'ayant pas vraiment besoin d'en penser quelque chose vu que je n'en ai pas vraiment besoin personnellement et que donc, je n'en n'ai pas…
    Mais enfin,
    C'est vrai que ces petits appareils sont un peu les PC de la distillation : très populaires, tout le monde peut en avoir un chez soi, c'est pas cher et en plus, la poste vous le livre facilement sous plis discret… La cerise sur le gâteau, il existe aujourd'hui de bons manuels du distillateur (d'ailleurs il m'en reste encore quelques uns à commander ici…) permettant une pratique facile et sans risques de devenir aveugle ou de faire sauter l'entrepôt…
    J'ai aussi entendu dire que la rapide diffusion de ces petits alambics "à huiles essentielles" ferait une concurrence déloyale à la noble profession de distillateur dont je suis un fier représentant (c'est vrai que c'est une noble profession, ne serait-ce que par son caractère globalement insoumis).
    Alors, faute d'avoir un avis sur la question "c'est bien ou c'est pas bien ?", je peux quand même vous faire part de mes réflexions sur la situation de la distillation familiale en France.

    L'Europe, qui est un grand pays riche encore de plusieurs cultures, connaît plusieurs cas de figures :

    Les pays du Sud comme l'Espagne, le Portugal ou l'Italie sont très libéraux et ont une tradition populaire très vivante. Les distillateurs familiaux sont libres et les alambics s'achètent aussi facilement sur les marchés là-bas que les cafetières italiennes chez nous. La gnôle de ces pays n'est pas rare, elle est souvent un peu rude et la technique pas forcément raffinée, mais elle est vivante et sans complexes. L'alcoolisme est plus assumé, mais finalement pas plus répandu que chez nous.

    Au nord, nous trouvons des pays qui, au contraire ont réussi à supprimer complètement la tradition de l'eau-de-vie maison : la Grande-Bretagne, la Belgique ou la Hollande ont souvent une réglementation proche de la nôtre (j'avais étudié la question il y a quelques années avec un correspondant belge, d'ailleurs fin distillateur nocturne). Ce n'est donc pas la législation, mais la pression politique qui a entraîné la suppression de la tradition de l'alambic dans ses pays. Le résultat est qu'une forte tradition de clandestinité s'est développée à la place. L'eau-de-vie de ces fiers clandestins est en général élaborée avec une technologie développée et de bonnes connaissances chimiques. Ce sont des bidouilleurs de pointe en matière de contrôles d'acidité ou de fermentation, ce sont des adeptes du PHmètre et des spécialistes des enzymes et des levures… La seule chose qui limite le développement de la qualité est la possibilité de pratique, d'échange d'informations &c… qui ne sont possible qu'au grand jour et avec des quantités moins confidentielles (essayez d'entretenir un verger pour consacrer sa récolte à votre activité favorite, pour ensuite chanter les qualité de tel ou tel cru avec vos voisins… essayez de sortir la marmite à "eau bénîte" ("Whisky Beatha") pour la fête du village en Angleterre ou en Irlande…).
    Un ami belge m'avait dit "Chez nous en 1900, il y avait un alambic dans chaque ferme, et beaucoup fonctionnent encore".

    Outre-Rhin, en Allemagne, en Suisse, et en Autriche, la situation est encore différente. La réglementation est, comme en Belgique, proche de la nôtre, mais au contraire de ces pays, la politique ne décourage pas du tout cette activité importante dans le cadre du patrimoine national. l'Autriche encourage même par des concours financés par l'Europe le développement de la distillation familiale avec une qualité remarquable, inconnue de la plupart de nos bouilleurs de cru français.
    Les taxes sont au moins aussi élevées que chez nous en France, les contraintes administratives en revanches, sont strictes, mais pas établies en dépit du bon sens comme seules nos contributions indirectes savent le faire.
    Le résultat est une tradition très vivante, une qualité très élevée, vraiment, et un alcoolisme plutôt en dessous de la moyenne en Europe, tout ça dans une ambiance décontractée.

    Je n'ai pas grand chose à dire sur les pays scandinaves qui ont tout perdu en matière de distillation familiales : traditions, pratiques &c… Le très important problème d'alcoolisme qu'avait ces pays au XIX° siècle semble avoir nécessité une réglementation très coercitive (réduisant la distillation clandestine a des pratiques sordides et dangereuses, sans d'ailleurs l'éradiquer). Le problème d'alcoolisme n'est pas pour autant réglé…
    D'ailleurs, pour finir avec humour avec la Scandinavie, la mention "HB" que l'on trouve parfois sur certaines bouteilles n'ont pas de lien avec la devise rabelaisienne "Hic Bibitur" (Ici, on boit, Garguantua I.1.), mais signifie simplement "Hemmen Brent" ("distillé à la maison"). C'est une jolie suédoise qui apparemment s'y connaissait bien en matière de HB qui m'a raconté cette petite anecdote.

    Et la France là-dedans, elle est où dans l'Europe ?

    2° partie : Militons pour la libération de la douane !

    Et bien pour l'instant, notre pays aux 700 fromages (dixit De Gaulle) semble se chercher… La vitalité de la tradition et la nouvelle réglementation sur les bouilleurs de cru (2003) pourrait nous faire penser que l'on se dirige vers une situation proche de celle de nos voisins allemands, ce qui serait nous laisserait un peu d'espoir dans ce monde globalement un peu tristounet. Mais en même temps, si la politique de l'état ne montre aucune hostilité, l'application de cette réglementation par l'administration des douanes reste cauchemardesque. Manque de moyens certes, mais aussi manque de bon sens et surtout un manque de bonne volonté qui transforme n'importe quelle question à régler en un véritable drame kafkaïen. La douane aujourd'hui est d'ailleurs dans un état de désorganisation totale (vive l'informatique !) qui empêche absolument tout fonctionnement normal.
    Le premier effet de cet tétanie nerveuse est un encouragement à la distillation clandestine, comme en GB ou en Belgique.
    En effet, il est vraiment décourageant de vouloir distiller de manière légale quand vous avez affaire à une administration dont l'organisation ne prévoit pas que vous ayez un interlocuteur régulier, et quand vos interlocuteurs occasionnels (ceux qui n'ont pas réussi à vous renvoyer vers un autre collègue) vous chargent systématiquement de fautes imaginaires à chaque fois que vous avez une question à laquelle ils ne savent pas répondre (et ce n'est pas rare). C'est ainsi que mes clients sont assez systématiquement agressés lorsque je les envoie payer les taxes dues au titre de bouilleur de cru (taxes sur l'alcool, sans taxe sécurité sociale, remise de 50 % jusqu'à 10 litres d'alcool pur, + 10 % de remise pour payement dans les 3 jours, c'est un régime réservé aux particuliers qui distillent leur propre production pour leur consommation personnelle. C'est la loi. Point barre). Les uns se voient retirer les 50 % parce qu'ils n'ont pas de n° de SIRET, les autres ne peuvent pas payer parce que ce jour là, c'est moi qui devrait payer les taxes, d'autres enfin reconnaissent que la vigne qu'ils entretiennent ne leur appartient pas (ils l'entretiennent juste), en cause de quoi on leur refuse les 50 % et ils peuvent s'estimer heureux que l'on ne leur réclame pas rétroactivement cette réduction faite les années passées &c…

    Moi qui essaye d'encourager la distillation légale, je peux vous assurer que ce n'est pas facile !
    Moi qui essaye d'encourager la création d'un syndicat de bouilleurs de cru (c'est-à-dire une association de bouilleurs de cru qui distillent eux-même leur cru pour leur consommation familiale avec un alambic collectif, c'est une formule très courante dans l'Est de la France) dans ma région, et bien les plus volontaires, après la dérouillée décrite plus haut, passent systématiquement dans la clandestinité.
    Cette clandestinité est d'ailleurs un réel progrès pour la douane au niveau du rapport travail mis en œuvre/revenu financier puisqu'ils n'ont plus la gestion des bouilleurs de cru à 100 balles…

    Que faire ?
    Après 15 ans de pratique légale de la distillation. Après avoir rencontré pas mal de représentants de l'administration dont la moyenne n'a pourtant pas de franche hostilité vis-à-vis de notre pratique favorite. Après avoir un peu voyagé en Europe et dans le monde, et rencontré des distillateurs de jour comme des distillateurs de nuit (moonshiners) et bu un peu de tout (là, je parle d'une façon imagée), je crois avoir une idée un peu générale sur la situation et quelques unes pour l'améliorer.
    Lorsque l'on étudie un peu le code général des impôts (dont la validité pourrait être contestable depuis la publication tardive de sa réforme en 1981), qui est très, très, poussiéreux, on se rend compte qu'il n'est pas du tout possible pour une administration, même de pointe, d'appliquer les idées confuses qui essayent péniblement d'en ressortir (je pense que mon style faussement léger ici vous donne une mesure de la pénibilité du sujet…).
    En fait, la réglementation du régime des bouilleurs de cru a été concue (au XIX° siècle) pour gérer une situation relativement différente de la nôtre : les bouilleurs de cru étaient innombrables comme les étoiles du ciel, ils n'avaient pas vraiment l'habitude d'être taxés et limités, et ils faisaient une forte concurrence déloyale au commerce de l'alcool (par exemple les bouilleurs de cru n'étaient pas supposés emmener des camions citernes de calva vers les bistrots de la capitale). L'immatriculation des alambics (en 1901), l'instauration de taxes et du privilège, le contrôle de la production et de la circulation des alambics ont été des réformes assez difficiles à gérer.
    Et bien aujourd'hui, le fonctionnement de la distillation familiale se fait toujours à partir de ces textes antédiluviens qui sont totalement inadaptés à la situation actuelle.
    Le résultat est que j'aimerais pas être douanier…
    En fait aujourd'hui, la douanes encadre la pratique des distillateurs (bouilleurs de cru, bouilleurs ambulants, distillateurs de plantes aromatiques, distillateurs professionnels, enseignants, organisateurs de fêtes de villages &c…) de telle sorte que le contrôle soit possible. C'est le principe. Dans la pratique, le fonctionnement hiérarchique et parfois déresponsabilisé de l'administration grippe ce fonctionnement, et c'est toujours pour permettre le contrôle. Un exemple avec cet article. Il faut aussi préciser, à la charge ou à la décharge des fonctionnaires, qu'il n'y a pas de formation particulière pour cette branche de l'activité de la douane (pour les autres, je ne sais pas) et que donc, je comprend que les fonctionnaires préféreraient ne pas avoir à s'occuper de ces questions de serpentins qui leur échappent.
    C'est comme cela que l'administration a inventé de toutes pièces la formalité de la destruction des alambics (plusieurs centaines de milliers ont été détruits), les rendements d'alcools à prévoir (ce qui oblige à conserver certaines techniques), les horaires pour distiller &c… En fait, les douaniers finissent par nous expliquer comment on doit distiller et comment l'on doit se servir d'un alambic !

    Et bien voilà ! C'est là que l'on a envie de trouver une solution ! (mais vu mon style peu protocolaire, je sens que j'ai peu de chances d'être entendu au bureau F3, le Saint Siège des Contributions Indirectes…).
    La situation est que ni les utilisateurs de l'alambics, ni les douaniers ne sont satisfaits de cette façon de gérer les choses, qui ne donne d'ailleurs pas de bons résultats ni pour les uns ni pour les autres.
    Je pense que la douane, en fait, a bien pour mission la récolte de la gabelle, ça c'est clair et normal pour la police du ministère des finances, mais n'a absolument pas vocation de gérer la distillation amateur ou celle des plantes aromatiques (qui ne sont pas taxées).

    La solution pourrait être simplement de libérer l'administration des douanes de cette gestion, et de la confier à un bureau qui dépendrait du ministère de l'agriculture avec lequel une collaboration serait établie (pour la bonne récolte des taxes). Ce bureau devrait être au service de la pratique de la distillation amateur et artisanale, ainsi que la distillation des plantes à parfums aromatiques ou médicinales (PPAM) et s'occuperait de la gestion, de l'organisation pratique, de ces types de distillation.

    La Suisse avait un système proche : la Régie Fédérale des Alcools s'occupait à la fois de la gestion et de la taxe. Malheureusement, la diminution de la production locale ne permettait plus à la RFA son indépendance et l'ensemble de sa tâche est en train de passer… aux douanes.
    Je propose cette solution intermédiaire qui respecte les compétences de chacun.

    Pour finir (enfin !), je précise que je ne veux absolument pas m'occuper d'un tel "Bureau des petits alambics" au ministère de l'agriculture ! Je ne veux plus plus rien avoir à faire avec la réglementation ! Je veux distiller des roses dans un pays qui ne connais pas ces problèmes ! C'est tout !!! Débrouillez vous !!! (aah…, ça fait du bien parfois…)

    Merci de m'avoir lu jusqu'au bout.
    Matthieu


    PS : La dernière de la gabelle : une directive de la direction des douanes nous informe que dans le cadre de la lutte contre les dépendances (au ministère de la santé), les démonstrations de distillation dans les fêtes de villages seront limités à des distillations… d'eau. Et oui, et c'est l'argument de nos douaniers les plus compétents : si on veut espliquer comment qu'il marche l'alambic, avec de l'eau, ça peut très bien le faire !
    Quand on me demande s'il existe des formations pour devenir distillateur, je me dit que c'est encore la douane qui serait le mieux à même de nous expliquer comment il faut distiller !

    Ah oui, aussi, à peu près au même moment que cette directive est sortie, cet article nous parle de la lutte que livre notre directeur général des droits indirects contre les dépendances : voyez ici

  • L'Eau-de-vie de pommes de terre

    La Vodka, alcool de pommes de terre

    Suivi de notes sur la distillation des châtaignes


    Cette année, j'ai fait un petit essai d'eau-de-vie de pommes-de-terre. C'est Armin Marchon (www.brennerei-marchon.ch/), distillateur à Bösingen près de Bern en Suisse qui m'a donné le procédé.

    L'eau-de-vie de pommes de terre n'a pas une très bonne réputation, en effet, autrefois les pays du Nord de l'Europe qui n'avait d'autre choix que de souffrir du froid ou de souffrir de l'alcoolisme ont produit de grosses quantités d'alcool de piètre qualité et la Suisse elle-même a connu au XIX° siècle un important problème d'alcoolisme due notamment à la distillation de notre tubercule (d'ailleurs ce problème a été réglé de façon magistrale en encourageant la plantation de vergers et en améliorant la technique de distillation. C'est une idée bizarre pour nous les français qui ne marchons qu'à grand coups d'amendes et de retraits de permis de conduire, mais le résultat est là…).
    Aujourd'hui, la vodka populaire n'est plus faite à partir de pommes de terre mais de grains (blé…), c'est, en gros, de l'alcool neutre aromatisé, et l'eau-de-vie de pommes-de-terre n'est plus qu'une curiosité.

    Un producteur de mes voisins, toujours très intéressé par mes recherches, m'a donné quelques 200 Kg. de tubercules abîmés à la récolte. C'étaient des pommes-de-terre Charlottes ou Désirées, de culture biodynamique. Des pommes de terres vraiment excellentes, c'est un point très important qu'il faut noter.
    La recette que j'ai suivie ne précisait pas si les fruits devaient être épluchés ou non, je pensais que oui (la peau est très amère), et deux whoofeuses en visite à la distillerie m'ont activement encouragées et aidées : nous avons ensemble épluché à la main quelques dizaines de kg. avant d'abandonner et de laver le reste sans plus de soins (je sais maintenant qu'il existe des patateuses pour éplucher plus efficacement…). les-joies-du-woofing.jpgLa plus grosse partie des pommes de terre n'ont donc pas été épluchées.
    Et puis j'ai suivi la recette qu'Armin m'a donné, et que notre ami Fritz Etter m'a très aimablement traduite (Cette traduction est reproduite en bas de l'article).les-patateuses-automatiques-remlacent-avantageusement-l-opinel.jpg
    La cuisson et les paliers de température ont été fait dans une cuve d'alambic, donc de manière assez approximative, la fermentation a été effectuée dans une pièce chauffée (la saison des patates est trop tardive pour une fermentation à température extérieure).
    La distillation n'a pas posé de problèmes particuliers (ça ne colle pas au fond de la marmite), les têtes et les queues étaient normales, et pas particulièrement excessives, le rendement assez bon (peut-être 5 %, mais je n'ai pas pesé précisément la matière mise en œuvre).
    rimg0034.jpg
    Bon alors, est-ce-que c'était bon ?
    Et bien, les premiers jours, c'était… très intéressant… un nez un peu terreux, des arômes évoquant curieusement alternativement la poire ou la pomme, Un fond de verre légèrement ammoniaqué… en tout cas, beaucoup de choses et de beaucoup de puissance.
    Et puis au bout de quelques temps, tout ça c'est harmonisé de façon très convaincante donnant une eau-de-vie à la fois surprenante, puissante, avec un méchant goût de reviens-y. J'avais fait un réglage assez fort, vers 50°.
    C'est donc une eau-de-vie très complexe, comme l'est le calva à sa manière, puissante et aussi éloignée du Kirsch que la patate l'est de la cerise. Il y a des éléments aromatiques rares et intéressants comme par exemple ce fond d'ammoniaque qui serait rédhibitoire à plus forte dose mais qui ici apporte une note essentielle (et donne le goût de reviens-y). L'ammoniaque est d'ailleurs utilisé dans l'industrie alimentaire ou para-pharmaceutique (dans les dentifrices) pour créer une dépendance à un produit. (il est indispensable aux fabricants de tabac) L'ammoniaque a ce côté pipi-caca qui nous touche au plus profond de notre être et les "notes de fond "de la parfumerie évoquent souvent ces arômes fondamentaux (ambre, musc…). On doit d'ailleurs se souvenir de l'odeur abominable de cadavre de la pomme de terre en décomposition.

    En fait, j'avais déjà goûté des eaux-de-vie de pommes de terre, mais la plupart ne m'ont pas laissé de souvenir comparable à ma production expérimentale (oui je sais, sa propre gnôle, c'est comme son nouveau-né, il a beau être complètement difforme, c'est quand même toujours lui le plus beau…). J'attribue ce fait plus à la qualité des pommes de terre qu'à mon excellence : il existe de nombreuses variétés, et dans la même catégorie, il y a encore de grandes différences de qualité dues au type de culture (mes pommes de terre étaient vraiment supérieures). De la même façon, "prune" est terme vague qui peut désigner la meilleure mirabelle de Nancy, ou la pire "prune à cochon" : leurs eaux-de-vie seront tout aussi différentes.
    le-kartoffel-schnapps-de-armin-marchon.jpg
    Je sens que je vais remettre ça l'an prochain…

    Le procédé d'Armin Marchon :
    Comment je distille 100 kg. de matières premières de pommes de terre
    1. Chauffer 100 kg. de pdt (dans la marmite d'un alambic par exemple).
    2. Ajouter environ 10 ml. d'enzymes bactériennes (VF "Kartoffel") dans un fût de 200 litres et ajouter l'eau de la marmite à 90°c./95°c.
    3. Ajouter les pdt chaudes.
    4. Laissez refroidir, brasser de temps en temps.
    5. Entre 55°c. et 58°c., ajouter VZ pour la saccarification, environ 20 ml.
    6. Laissez refroidir, brasser de temps en temps.
    7. Vers 30°c./35°c., rajouter 1 sachet et demi de levure. La levure doit être préparée dans de l'eau à 30°c./35°c. en ajoutant une cuillère de sucre pour la nourrir.
    8. Important ! Distiller les matières fermentées après 4 ou 5 jours. Le fût doit être entreposé à 18°c./25°c. pendant la fermentation.

    enzymes.jpg
    Les enzymes utilisées dans ce travail viennent des établissements Schliessmann, en Allemagne représenté en France par www.simaco-shop.com/fr/.


    Post-Scriptum  : La Châtaigne :
    L'an dernier, j'avais fait un essai d'eau-de-vie de châtaignes (j'habite dans la région d'Olargues, célèbre pour son excellent marron). Le procédé m'avais été donné par mon ami Freddy Ycks, grand distillateur et grand amateur. Malheureusement, la fermentation avais échouée à cause de la température trop froide à la saison des châtaignes. Voici le procédé détaillé que m'avais préparé ce technicien virtuose.
    Au chapitre "recherche et développement" de mon activité (qui comprend l'essentiel de mon énergie, surtout la recherche…), je tenterai à nouveau l'eau-de-vie de Marron d'Olargues, avec la recette d'Armin, plus simple à mettre en œuvre.

    Le procédé de Freddy Ycks pour la châtaigne :
    "Voici comment il faut procéder:
    Récolter les chataignes et sans tarder (pour éviter la naissance des oeufs de vers) procéder à l'épluchage
    Pour éplucher, on peut employer le procédé à sec ou humide
    Le procédé à sec consiste à faire tourner les chataignes au dessus d'un feu dans un cylindre qui peut être un ancien tambour de machine à laver
    ou alors n'imorte quel bricolage du moment que ça tourne et qu'il y ait du feu en dessous, j'ai vu en aveyron un gars qui avait fait un cylindre en grillage fin, des trous de
    environ 15 mm et qui soumettait ça à un gros chalumeau. Il faut éviter de brûler les chataignes, le brûlé donne toujours des mauvais goûts irrécupérables.
    L'avantage de ce procédé est que les chataignes en se mélangeant et s'entrechoquants dans le tambour, vont être faciles à éplucher.
    Le procédé humide, c'est de faire cuire à presque ébulition, environ 90°c, pas plus, les chataignes dans l'eau, puis on pèle.
    Quand les chataignes sont froides, on doit les écraser ou les broyer
    Puis on ajoute de l'eau et des amylases (que l'on trouve chez Browland) pour obtenir un produit lisse pas trop pâteux et disons plutôt dilué, si on mouille trop, on devra trop
    chauffer dans la cuve de distillation, si on mouille trop peu, on peut brûler si on travaille à feu direct.
    Puis, ça se corse, il faut chauffer, et atteindre 63°c et rester à cette T° avec une précision de ± 1°c pendant 45 min à une heure minimum
    Ensuite on continue à chauffer et on fait un second palier à 73°c pendant 40 minutes
    A ce moment là, on fait un test à la teinture diode, on prélève un petit échantillon et on met une ou deux goutes de teinture d'iode, celà doit rester brun rouille, le résultat ne peut pas être bleu clair
    sinon, ça veut dire qu'il reste de l'amidon et il faut alors rester plus longtemps à 73°c
    Puis on monte à 78°c pendant 25 minutes pour la saccharification finale
    On a fini, et on doit avoir un jus très sucré. On peut alors passer à la fermentation après avoir refroidi le produit vers 25°c, on ajoute des levures et on oygène bien en soufflant de l'air comprimé, ou mieux de l'oxygène dans le produit, au moins 3 minutes pour rajouter l'oxygène nécessaire au développement des levures. On peut encore rendre un coup d'oxygène ou d'air après 12 heures. On ajoute des sels nutritifs pour levures et ferme le tonneau avec une bonde et un respirateur ou barbotteur. On laisse fermenter jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de CO² qui sorte du barbotteur, cad au moins 15 jours à 20°C.
    Puis on distille si possible au bain marie, et si c'est pas bon, on a fait tout celà pour des prunes, par contre, les prunes c'est plus facile."

    PS. de Matthieu : En fait, l''épluchage n'est pas obligatoire : on peut broyer les châtaignes avec un broyeur de jardin, puis repêcher les peaux qui surnagent pendant la cuisson (ouf !).



    Merci à Armin Marchon, Fritz Etter, et Freddy Ycks pour leur générosité, sans oublier Dorothée et Aline pour leur aide à la pluche !