éthanol 96°

  • Manifeste de la Gnôle Naturelle

    Gnôle nature

    Quelques amis distillateurs soucieux de la qualité de leurs spiritueux ont crées le mouvement de « Gnôle Naturelle ».
    C’est une réaction à la tendance actuelle qui considère qu’un spiritueux obtenu par macération est composé d’arômes et d’un support qu’est l’alcool qui est considéré comme un mal nécessaire (l’alcool est classé comme une drogue).
    La plupart des Gins, des Vodkas et autres Pastis sont en effet des arômes naturels (plantes) ou « naturels » (extraits industriel) macérés dans de l’alcool la plupart du temps industriel puis distillés.
    L’utilisation de cet alcool industriel a des raisons économiques (c’est vraiment pas cher) et d’ignorance puisque le rôle profond de l’alcool n’est pas, selon nous, seulement de transmettre les arômes, mais aussi d’accompagner leurs vertus médicinales (aspect santé), et d’embellir l’ivresse (aspect social). « Bon goût, Bonne ivresse, Bonne santé » sont pour moi les 3 vertus nécessaires aux spiritueux.

    Une nouvelle règlement européenne (encore l’Europe…) vient d’entrer en application qui oblige sous prétexte de « tradition » l’utilisation d’alcool éthylique « agricole » à 96° pour la fabrication de ces Gins, Vodkas &c… Or, 96° est un degré que seule l’industrie (les grandes colonnes de distillation industrielle) peut fabriquer.
    Si un distillateur, ou brasseur-distillateur veut utiliser l’alcool qu’il produit à base de son vin ou de son brassin propre, il ne peut donc plus produire de « gin » ou de « pastis » &c… Il ne peut donc plus vendre ces spiritueux sous l’appellation classique.

    Personnellement, je n’ai pas du tout envie de changer mon esprit-de-vin que j’ai distillé moi-même avec mes alambics en cuivre chauffés au bois à partir d’un vin nature dont je connais le producteur, alcool dont j’ai géré les coupes à ma façon &c… &c… pour utiliser un alcool éthylique à 96° qui vient d’on ne sais où et distillé par des ouvriers et des patrons qui n’ont rien à faire de l’ « esprit » dans l’alcool, même bio, qui ne me satisfait pas du tout sur aucuns des critères qui m'importent (goût, santé, sociabilité).

    L’argument de cette directive européenne est la tradition de distillation de ces spiritueux. En effet, ces distilleries qui permettent de produire de l’alcool à 96° ont un peu plus d’un siècle.
    Les recettes de gins, de vodkas ou d’arquebuses du XVI° siècle, celles d’absinthes et autres anisés du XVII° et XVIII° qui étaient distillés avec nos vieilles biques à repasse et en cuivre ne sont plus traditionnelles depuis belle lurette !
    « Traditionnel », un nouveau terme est arrivé dans la novlangue…

    Alors je vous laisse avec la vidéo de mes amis de l’Atelier du Bouilleur qui présentent et discutent  ce courant qui résistera encore et toujours à l’envahisseur…

    Matthieu Frécon, Mai 2019