distillation

  • Faire son absinthe maison, une jolie émission chez nous en Valais…

    Faire son absinthe amateure en Valais…

    Une jolie émission de Ainhoa Ibarolla pour la RTS avec votre serviteur (ou plutôt, le serviteur de la Fée Verte…)

    Matthieu et ainhoa

    https://www.rts.ch/play/tv/redirect/detail/12247767

  • Préparer son absinthe

    Préparer son Absinthe…Verte van gogh

    Hier soir, nous fêtions je ne sais plus quoi, et comme il est l’usage, le champagne était au cœur du rituel. Et comme il est de mon usage dans ces cas là, je n’ai pas résisté à aromatiser mes bulles de l’esprit vivian : une petite dose de Chandelle Verte au fond de la flute. J’ai pris goût, grands dieux ! à ces cocktails modernes et il est peut-être temps de faire le point sur les bonnes et les mauvaises façons de boire mon alcool préféré : l’Absinthe.
    Chandelle verte champagne

    Les bonnes et les mauvaises façons de préparer sa Verte ou sa Bleue…

    Alors, on va partir du fait que l’Absinthe, le spiritueux, ne naît pas du jour au lendemain dans le laboratoire d’un savant fou du Val de Travers ou d’ailleurs, mais qu’elle est le fruit d’une longue tradition de préparations d’élixirs-spiritueux de plantes qui ont pour mission de soutenir le moral et réparer le corps. Ce sont des alcools fait pour le corps autant que pour l’esprit. L’Absinthe - Artemisia Absinthium - étant une plante médicinale majeure, elle est présente dans de très nombreuses recettes depuis les temps (et les régions) les plus reculés.

    Avant que n’apparaisse l’apéritif que l’on désigne sous le nom d’Absinthe ou Fée Verte qui se développera en Suisse et en France au XIX° siècle, il était l’usage de faire des alcools forts que l’on buvaient allongés d’eau. C’est l’origine de la première version de cette préparation, assez primitive, que l’on rencontre encore dans les régions les plus traditionalistes comme le Jura par exemple et un peu partout depuis le développement du pastis et de l’Olympique Marseille (qui n’est pas un spiritueux).
    C’est ainsi que les jurassiens boivent encore leur Bleue : la liqueur blanche est allongée d’eau dans un grand vert, l’anis contenu révèle son caractère louche et l’affaire est réglée.
    C’est la version 1 du rituel de l’absinthe.
    Rituel discre te marc thuillier

    La Belle Époque parisienne doit son nom à un mélange détonnant entre une culture artistique merveilleuse qui apparait dans un contexte social abominable. C’est ainsi que l’alcoolisme se développe et contribuera à la perte de notre muse apéritive, et c’est en même temps sous son influence qu’accoucheront les plus belles œuvres artistiques qui chanteront les louanges d’Artemis, la vierge farouche et redoutable, la féminité nécessaire aux artistes et aux ouvriers de la nouvelle société sans âme (au tournant du XX° siècle, pas la société sans âme du tournant du XXI° siècle laquelle rappellera la Fée à son secours en 2005).

    Cette magnifique société est festive et l’exposition universelle de Paris en 1889 verra l’érection de la tour Eiffel et probablement l’invention de la cuillère percée (en forme de tour Eiffel), qui deviendra rapidement l’accessoire emblématique du rituel de l’absinthe.
    Il est dorénavant officiel que la Fée Verte se prépare avec cette « pelle » qui soutient le sucre qui se trouve alors au-dessus de la liqueur. Il reste à la « fontaine à Absinthe » le soin de faire couler les gouttelettes d’eau fraiche sur le sucre pour que le sirop vienne adoucir l’amertume de l’apéritif. Ce rituel d’esthètes semble avoir été élaboré pour des raisons de marketing dans le but de faire boire ces dames des bistrots parisiens pour la parité dans l’ivresse…
    Cette version 2 du rituel de l’Absinthe est indéniablement la plus répandue. C’est la façon officielle de bien préparer une absinthe quand on a de l’éducation et que son amertume demande un sucrage, ce qui n’est pas toujours nécessaire avec les modernes et doucereux pastis à l’absinthe du commerce courant actuel.
    Une partie de pe che

    Cette belle époque et sa bohème pouilleuse aux loques pleines de taches de peinture à l’huile ou d’encres indélébiles laisseront à la Fée Verte la réputation de Muse des Artistes. A-t’il jamais existé une telle entente entre cette bohème inspirée de ces poètes et peintres miséreux et un alcool ? un esprit ? L’union a été parfaite. C’était Héloïse et Abelard, c’était Viviane et Merlin, ou Salomon (dans le rôle de la verte) et la Sulamite (dans le rôle des Rimbauds)…
    Les poètes de la belle époque ont bel et bien disparus avec Elle, c’est un fait, et la poésie trouvera quand-même d’autres esprits consolateurs pour survivre.
    Mais la disparition de la Fée Verte laissera une petite amertume que l’on n’oubliera pas. Ainsi, dans les années 60’, à la suite des Burroughs et des Kerouac, les poètes maudits d’outre-atlantique retourneront en Bohème chercher l’esprit de Montparnasse (la géographie n’est pas une science exacte en Amérique…) et, dans un tchèque approximatif, les poètes ricains tenteront de retrouver l’absinthe dans les zincs praguois… « Pas de problèmes » répondent les tôliers tchèques, « Revenez demain ! ». C’est ainsi que la Fée Verte est revenue dans les bars et est devenue la nouvelle héroïne des clochards célestes aux pays de l’étoile rouge. C’est d’ailleurs la blanche, la vraie blanche, l’héroïne, de ces petits-enfants américains de Rimbaud qui inspirera un nouveau rituel à la Verte de l’ancien monde : l’Absinthe flambée.
    Vous n’avez jamais préparé d’héroïne ? pas grave, ce n’est pas nécessaire. Ici, c’est l’Absinthe qu’il faut verser sur le sucre (qui est encore posé sur sa cuiller percée), enflammer ce sucre dégoulinant. C’est bientôt le verre tout entier qui sera enflammé, et puis lorsque le sucre commencera à caraméliser. Il reste à éteindre l’incendie avec de l’eau fraiche. Le procédé est spectaculaire et le résultat intéressant pour le goût caramélisé caractéristique… La motivation qui a animé l’invention de ce nouveau procédé possède une certaine noblesse (plus que le but mercantile et publicitaire qui est à l’origine du rituel de 1889 en tous cas, on doit le reconnaitre…) et ce rituel barbare qui évoque plus le cirque américano-romain que la fontaine de Barenton à Brocéliande (le site de Viviane) mérite toute notre attention. Je vous invite à l’essayer si vous ne l’avez déjà fait.
    C’est la version 3 du rite de l’Absinthe.
    Ps. Lisez Dale Pendell, le poète des plantes psychotropes et inventeur de recettes d’Absinthes de cette époque en sirotant votre Fairy.
    absinthe flambée

    Comment choisir ?
    Votre accent jurassien ou marseillais trahit votre goût pour une tradition simple, sans fioritures : c’est la version 1 qui vous laissera siroter tranquillement votre anisée haute en couleur.
    Vous avez besoin de temps pour faire les choses, pour les laisser apparaitre dans votre Jacqueline : optez pour une préparation longue sous la Fontaine. Version 2.
    Vous voulez attirer l’attention dans un bistrot et vous ne craignez pas d’être expulsé manu-militari comme un pyromane irresponsable : Osez la version 3 du rituel sans hésiter !
    La fe e rouge

    En fait, les rituels sont multiples, mais les absinthes aussi… entre les Bleues du Val de Travers qui sont hérités du breuvage du XVIII°/XIX° siècle, pas assez amères pour avoir besoin de sucre et que l’on boit donc simplement allongées d’eau comme un vulgaire Ricard (rituel 1) ; entre la Vertu amère de l’Absinthe Belle Époque parisienne qui demande d’être adoucie d’un sirop pour révéler toute sa profondeur aromatique (rituel 2) ; ou encore la brutalité du monde moderne qui s’exprime dans les Absinthes ayant souffert de la prohibition, Absinthes brutes aux arômes simples et fumés et excessivement anisées en provenances des moonshiners de la Nouvelle Orléans ou des industries d’Europe centrale ou d’Espagne, Absinthes élevées au Jazz bien sûr (rituel 3), chaque absinthe a son rituel… Vous avez le choix…

    Voici les bonnes façons de préparer l’Absinthe (1 & 2), et la mauvaise (3). Voici la tradition.

    Alors les buveurs d’absinthes sont devenus traditionalistes ? Le traditionaliste n’apparait pas avec la tradition mais il la créé quand il n’a plus d’autres idées, quand il n’a plus rien d’autre à faire… Tant que la créativité vit, la tradition attends son heure. Quand l’époque n’est plus créative, elle peut devenir traditionaliste. C’est peut-être un peu le cas pour l’Absinthe qui vit une renaissance timide.
    Nous chercherons plus tard les raisons qui font que l’Absinthe n’est apparemment plus la Muse des artistes et des créateurs, pour l’heure je voudrais juste rappeler qu’il existe mille façons de préparer son Absinthe. Le rituel est important en ce qu’il permet de relier la boisson avec un élément de sa vie. Il permet de transformer un alcool en un esprit. À chaque alcool son esprit, et son rituel…
    Les chandelles vertes

    Hier soir donc, je buvais mon Absinthe-champagne (une Chandelle Verte très amère) comme Alfred de Musset buvait son Absinthe-cognac… À l’arrivée des premières neiges, je règle ma Verte à la neige saupoudrée de sucre en poudre, ça fait penser à une pâtisserie !
    Cornet neige
    Il existe aussi des gourmets qui ont une science très précise du louche (action de préparer son absinthe pour la faire loucher, c’est-à-dire troubler) tel mon ami René Wanner (Distillerie Absintissimo à Genève et dans le Val-de-Travers) dont j’admire particulièrement la « 68…Harde » qu’il prépare ainsi : en apéritif : 1 dose d’Absinthe pour 2 à 3 parts d’eau (comme notre propre « Étoile d’Argent »), mais en digestif il faut : « Faire tomber quelques gouttes d’eau dans un verre d’absinthe » (il faut voir René préparer sa Bleue et vous comprendrez ce que le mot rituel veut dire !).
    Rene wanner le trouble

    Pour finir, le chemin de l'Absinthe, le vrai, qui mène à notre distillerie de Sarreyer en Valais…
    Le chemin de l absinthe chez edelweiss distillerie

     

     

              Matthieu Frécon, Edelweiss Distillerie, Sarreyer. Mars 2020
     

    Sources : Benoit Noel, René Wanner, Dale Pendell…
    Photos, de haut en bas : Van Gogh, Absinthe Champagne (MF), La discrète du Val de Travers (Marc Thuillier), Une partie de pêche (circa 1900), Absinthe Flambée (MF), Quel rituel pour celle-ci ? Awen Nature, Les Chandelles Vertes (Benoît Noël/MF), René Wanner, Le chemin de la Tuaille, qui mène à notre distillerie… (MF).

            

     

    Absinthes edelweiss distilleriehttps://edelweiss-distillerie.ch/

  • L'eau-de-vie de Marc

    L’eau-de-vie de Marc, un alcool parfois négligé… Vieille réserve Muscat

    C’est la saison des vendanges, c’est bientôt la saison du marc à distiller…

    L’eau-de-vie de Marc est l’une des quatres eaux-de-vie offertes par la vigne, les trois autres étant les eaux-de-vie de raisin, les eaux-de-vie de vin (fines, armagnac et cognac, fines blanches…), et les eaux-de-vie de lies qui sont, souvent à tort, rangées dans la catégorie précédente.

    Comme l’eau-de-vie de vin, l’alcool de marc se décline en de nombreuses variantes que nous allons étudier maintenant.
    Ainsi que c'est souvent le cas, ce sont les contraintes locales qui créent l’usage et la tradition, et par là les productions. Le marc est le résidus du pressage et il arrive à un moment de grande activité à la cave et ne peut pas souvent recevoir tout le soin qu’il devrait pour révéler ses trésors.  En revanche, ces contraintes vont permettre d’inventer d’autres usages, et donner naissances à des eaux-de-vie particulières, je pense au Marc de Bourgogne.

    Tout d’abord, il y a deux sortes de marcs : les marcs de raisins rouges, qui sont pressés après la fermentation et qui peuvent donc être distillés immédiatement, ou pas. Et il y a les marcs de raisins blancs qui sont pressés avant la fermentation et qui devront être mis à fermenter comme les raisins ou les autres fruits.

    Ensuite, il y a les eaux-de-vie blanches de marc et les eaux-de-vie ambrées (élevées en tonneaux comme le Cognac ou le Calva) de « vieux » marc.

    Enfin, on peut encore distinguer deux tendances parmi ces eaux-de-vie : celles qui sont fruitées de celles qui sont corsées. Cette distinction concerne surtout les eaux-de-vie blanches, sans élevage en tonneau.

    Marc adeb Comment fait-on ces eaux-de-vie ?

    Plusieurs régions donnent le ton, voyons d’abord la région qui m’a beaucoup appris et qui est très réputé pour sa technique, sa tradition très vivante, et le soin apporté au travail : l’Alsace. Nous verrons ensuite la région où j’ai commencé la distillation : la Bourgogne. Ces deux régions représentent les deux pôles en matière d’eau-de-vie de Marc. Et puis nous finirons avec différentes techniques issues de ces traditions.

    L’Alsace est connue pour ses eaux-de-vie blanches, très fruitées, et pour ses vins blancs. On y distille des marcs de raisins blancs aux arômes primaires (arômes fruités et fleuris, au contraire des arômes secondaires et tertiaires qui se développent pendant l’élevage) très puissants. Les raisins sont  pressés avant la fermentation comme il est l’usage pour les vins blancs et les marcs sont mis à fermentés dans des bidons comme les fruits (mirabelles, poires…). Ils sont distillés dès la fin de la fermentation. Ces eaux-de-vie sont très typées par le cépage - Gewurtzraminer et Muscat sont les plus connus. Ce sont des eaux-de-vie douces et fruitées, élevées dans des récipients en verre ou en inox et donc blanches.
    En Alsace, on distille traditionnellement dans des alambics à repasse et à bain-Marie.

    À l’inverse, nous avons les « Vieux Marcs de Bourgogne » qui sont préparés totalement différemment. En Bourgogne, on distille traditionnellement des marcs de rouge qui sont stockés dans des silos fermés par des bâches. Quelques mois plus tard, lorsque le travail de cave est plus calme, les marcs sont distillés dans des alambics à vapeur équipés de rectificateurs. Ces marcs ont en général fait la seconde fermentation, malo-lactique, ce qui transforme déjà les arômes primaires en arômes secondaires et les caractéristiques du cépage disparaissent en bonne partie.
    Ces eaux-de-vie sont ensuite stockées dans des barriques de réforme qui ont servies pour l’élevage du vin blanc. Ce sont des eaux-de-vie ambrées qui auront souvent passé plusieurs années en tonneau. Elles sont plutôt fortes et corsées.

    J’espère ne vexer personne, mais je pense que ce type d’eau-de-vie de Marc de Bourgogne n’est pas le genre de spiritueux en vogue actuellement. En revanche, il est possible de retirer des leçons de ces deux écoles et voyons maintenant d’autres possibilités pour nos « grappas ». Bidon de marc 1

    On peut conclure que les eaux-de-vie fruitées sont préférées blanches, alors que celles qui ne le sont pas doivent compenser le manque aromatique par un élevage en barrique (même remarque pour les Armagnacs et Cognacs, les Whiskies &c…).
    De même, on peut voir qu’une fermentation simple interrompue (par la distillation) avant la malo-lactique permet de conserver un maximum d’arômes.

    Dans le Languedoc, j’ai distillé l’essentiel des cépages locaux. Certains étaient plus fruités que d’autres, d’autres étaient peu fruités mais très aromatiques. Ces Marcs ont donnés des eaux-de-vie blanches, fruitées comme en Alsace, ou corsées comme certaines Grappas (raisins rouges souvent). J’ai également distillé des eaux-de-vie de Marcs qui ont été élevées en barriques, des cépages rouges en général, souvent peu aromatiques.
    J’ai l’habitude de distiller les marcs dès que la fermentation est terminée, ou dès la sortie du pressoir pour les rouges (d’ailleurs à l’heure où j’écris ces lignes, l’alambic distille un marc de pinot noir pressé aujourd’hui-même, voir photos à droite). l alambic et le marc

    Les premiers marcs que j’ai distillés dans mon atelier de Montpeyroux (34) étaient des blancs. C'étaient un marc d’Ugniblanc égrappé et peu pressé, mis en fermentation dans 12 fûts de 180 litres, du domaine d’Aupilhac (Syvain Fadat), et un marc très pressé et non-égrappé de Chenin mis en fermentation dans une cuve en inox (3 tonnes) du Mas Jullien (Olivier Julien) …oui, j’ai eu de la chance de commencer avec de tels vignerons ! Le premier a donné une eau-de-vie étonnement fruitée (l’Ugniblanc, principal cépage du Cognac n’est pas très aromatique) avec un bon rendement alors que le second a donné une eau-de-vie extrêmement charpentée et corsée avec un rendement deux fois plus faible. Deux très belles eaux-de-vie qui doivent leur qualité au travail des vignerons. Distillations dans des alambics à feu-nu, à repasse, en cuivre, de 250 litres.
    J’ai distillé des Grenaches et des Muscats noirs et blancs en vendanges tardives et séchés sur fils, non égrappés, qui ont donnés d’extraordinaires eaux-de-vie selon cette technique, puissants fruités, et corsés en même temps.
    J’ai encore distillé des marcs de Grenache blanc qui ont donné une eau-de-vie corsé et puissante mais peu sucré. Un vrai régal… Ainsi que quelques bonbonnes de Terret qui ont très vite disparus chez les vignerons lors de joyeuses parties de cartes bien avant la première année de repos obligatoire à toute eau-de-vie blanche…
    Ces eaux-de-vie ont été distillées avec une technique proche de ce que j’ai appris chez le très regretté Philippe Traber à Ribeauvillé (distillerie Metté à Ribeauvillé, Alsace). Toutes ont été réglées à 45°. Florence charge 1

    Barrique
    Avec la même technique, j’ai aussi mis des cœurs de chauffe de différents marcs très aromatiques dans une barrique, mais le résultat a mis très longtemps pour être convainquant : trop d’arômes pour trouver l’équilibre avec la barrique (fort degré en barrique, vidange de 50 %). Après 15 ans de fût, cette eau-de-vie est maintenant en bonbonnes, mais la puissance aromatique est telle que je la préfère en brut de fût à plus de 60° que réglé, ce qui fait que je ne sais pas comment la vendre et je crois qu’on va la boire nous-même…
    Ma conclusion est qu’il faut privilégier soit l’aromatique du fruit, soit l’élevage, mais que les deux sont difficilement compatibles. Le vieillissement en fût est un art que j’ai développé dans d’autres articles, autrement dit, une eau-de-vie doit être distillée selon la destination qu’elle aura (blanche ou ambrée).

    Pour faire une bonne eau-de-vie de marc, la principale recommandation que je peux faire est de conserver les marcs le moins longtemps possible et d'éviter absolument le contact avec l'air et les drosophyles qui vont immanquablement apparaitrent et altérer l'arôme, voire le piquer. Les bons marcs n'ont pas l'air plus que le temps d'être chargés pour la distillation.Florence charge 2

    Le monde des eaux-de-vie de Marcs est plus vaste que beaucoup d’amateurs et de distillateurs le pensent ! Lorsque cette matière première est traitée correctement selon sa nature (région, cépage…) et sa technique (type d’alambic…), elle peut être une excellente source d’eau-de-vie de grande classe.

    À vos marcs…

    Matthieu Frécon, Sarreyer, Vendanges 2019

     

    Bidons chez marie the re se chappaz
    Quelques bidons en attente d'être remplis chez Marie-Thérèse Chappaz à Charrat (Valais) : Syrah, Marsanne, Roussane, Humagne, Pinot, Gamay, Cornalin…

  • Exploitation Agricole

    Exploitation agricole

    Abisnthe a la distillerie

    S’il est un titre qui devrait être un objet de fierté, et qui est aujourd’hui un objet de mépris de la part de ceux qui sont concernés, c’est bien le terme de paysan. La modernité et le langage hexagonal lui préfère celui d’exploitant agricole.  Le paysan n’est plus l’habitant du pays et celui qui fait vivre le pays, mais celui qui exploite le sol et ses animaux.
    Dans la Suisse qui m’accueille maintenant, le paysan est encore content de l’être et depuis sa ferme, revendique sans honte ce mot charmant et un peu désuet. Le paysan français est encore trop complexé pour revendiquer l’appellation qu’il n’utilise parfois et qu’entre amis.

    Notre distillerie (Edelweiss Distillerie à Sarreyer en Valais), est une ferme, une ferme sans bétail certes, mais on y élève des plantes, et les plantes nous élèvent… Nul relation d’exploitation avec elles, elles semblent le savoir ainsi que nous le dit cette belle absinthe qui a choisit de pousser devant le réfrigérant de notre petite repasse (un petit alambic qui sert aux petits travaux et à la spagyrie). Cette Artemisia absinthium ainsi que la nomme les savants nous offre les plus belles feuilles de la région, réllement, c’est la plante qui offre les plus belles et les plus grandes feuilles de l’endroit.
    Je prend bien soin de ne pas l’abimer quand je distille autour, au contraire, on converse tous les deux… On est très très honorés par sa présence altière et aromatique chez nous, ou plutôt très honorés qu’elle nous reçoive chez elle dans une si belle tenue…

    Ici, nulle exploitation agricole, non merci !

    la prochaine fois, je vous parlerai de l’exploitation des humains par les plantes… un vrai sujet !

    Matthieu Frécon, Sarreyer, équinoxe d’automne 2019

    Ci-dessous, le chemin qui mène à la distillerie, entièrement couvert d'absinthes… 
    Le chemin de l absinthe

  • Manifeste de la Gnôle Naturelle

    Gnôle nature

    Quelques amis distillateurs soucieux de la qualité de leurs spiritueux ont crées le mouvement de « Gnôle Naturelle ».
    C’est une réaction à la tendance actuelle qui considère qu’un spiritueux obtenu par macération est composé d’arômes et d’un support qu’est l’alcool qui est considéré comme un mal nécessaire (l’alcool est classé comme une drogue).
    La plupart des Gins, des Vodkas et autres Pastis sont en effet des arômes naturels (plantes) ou « naturels » (extraits industriel) macérés dans de l’alcool la plupart du temps industriel puis distillés.
    L’utilisation de cet alcool industriel a des raisons économiques (c’est vraiment pas cher) et d’ignorance puisque le rôle profond de l’alcool n’est pas, selon nous, seulement de transmettre les arômes, mais aussi d’accompagner leurs vertus médicinales (aspect santé), et d’embellir l’ivresse (aspect social). « Bon goût, Bonne ivresse, Bonne santé » sont pour moi les 3 vertus nécessaires aux spiritueux.

    Une nouvelle règlement européenne (encore l’Europe…) vient d’entrer en application qui oblige sous prétexte de « tradition » l’utilisation d’alcool éthylique « agricole » à 96° pour la fabrication de ces Gins, Vodkas &c… Or, 96° est un degré que seule l’industrie (les grandes colonnes de distillation industrielle) peut fabriquer.
    Si un distillateur, ou brasseur-distillateur veut utiliser l’alcool qu’il produit à base de son vin ou de son brassin propre, il ne peut donc plus produire de « gin » ou de « pastis » &c… Il ne peut donc plus vendre ces spiritueux sous l’appellation classique.

    Personnellement, je n’ai pas du tout envie de changer mon esprit-de-vin que j’ai distillé moi-même avec mes alambics en cuivre chauffés au bois à partir d’un vin nature dont je connais le producteur, alcool dont j’ai géré les coupes à ma façon &c… &c… pour utiliser un alcool éthylique à 96° qui vient d’on ne sais où et distillé par des ouvriers et des patrons qui n’ont rien à faire de l’ « esprit » dans l’alcool, même bio, qui ne me satisfait pas du tout sur aucuns des critères qui m'importent (goût, santé, sociabilité).

    L’argument de cette directive européenne est la tradition de distillation de ces spiritueux. En effet, ces distilleries qui permettent de produire de l’alcool à 96° ont un peu plus d’un siècle.
    Les recettes de gins, de vodkas ou d’arquebuses du XVI° siècle, celles d’absinthes et autres anisés du XVII° et XVIII° qui étaient distillés avec nos vieilles biques à repasse et en cuivre ne sont plus traditionnelles depuis belle lurette !
    « Traditionnel », un nouveau terme est arrivé dans la novlangue…

    Alors je vous laisse avec la vidéo de mes amis de l’Atelier du Bouilleur qui présentent et discutent  ce courant qui résistera encore et toujours à l’envahisseur…

    Matthieu Frécon, Mai 2019

     

  • Sucrer ou ne pas sucrer ?

    Sucrer ou ne pas sucrer ?

    Avons-nous le droit de sucrer nos fruits en fermentation ? Avons-nous le droit de sucrer nos eaux-de-vie ? Autant de questions récurrentes que l’on pose souvent et qui méritent un peu plus qu’une simple réponse.

    Le sucre avant Distillation

    1. Sucrer les fruits en fermentation.
    Cela se pratique pour augmenter le rendement en alcool des tonneaux. Certains fruits sont assez faibles, d’autres n’ont carrément pas de sucre, comme les prunelles, et si l’on veut de l’alcool, il faut bien en ajouter d’une façon ou d’une autre : sucrer les fruits mis en fermentation, ou faire une macération dans l’alcool.
    Commençons par le cas du sucrage.

    Tout d’abord, la question se pose pour le bouilleur de cru
    (1).
    Le bouilleur de cru est un amateur qui fait sa gnôle dans un contexte non-commercial (il n’achète pas de matières premières, il ne vend pas son eau-de-vie). Pour lui, hormis le cas où il cultiverait des betteraves à sucre, il ne peut ajouter de sucre dans son tonneau de fruits en fermentations puisque ce sucre ne peut venir de sa propre récolte (il est obligé de l’acheter). C’est pour cela que le sucre lui est interdit, et non pour par exemple parce que la chaptalisation est généralement interdite aux vignerons professionnels. Le distillateur professionnel, qui a le droit d’acheter et de vendre des matières premières et d’acheter et de vendre des alcools pourrait sucrer ses tonneaux, mais ne pourrait plus utiliser l’appellation « eau-de-vie ». En revanche, pour un spiritueux qui n’est pas une eau-de-vie (il y a un certain nombre de fruits qui ne peuvent bénéficier de cette appellation. Il y a aussi certaines autres contraintes comme le degré choisi - 37 à 55 % pour les eaux-de-vie), sucrer ses tonneaux est possible. En résumé, le bouilleur de cru ne peut pas sucrer ses fruits en fermentation parce que ce sucre n’est pas « de son cru », le distillateur de profession peut le faire.

    2. Mettre ses fruits en macération dans de l’alcool.
    C’est une pratique utile pour beaucoup de fruits ou de fleurs, ou autres… qui n’ont pas assez de sucre pour que l’on obtienne de l’alcool par fermentation. Encore une fois, la règlementation diffère pour les bouilleurs de crus des distillateurs de profession.
    Le bouilleur de cru a le droit d’utiliser son propre alcool (de vin, de pomme…) pour faire ses macérations et les redistiller après macération. Il déclare cette opération aux douanes qui lui accorderont une distillation supplémentaire. L’important est que l’alcool utilisé soit produit par le bouilleur de cru lui-même. Les bouilleurs de cru de l’est de la France par exemple sont familiers avec cette pratique. On utilise en général un alcool fort qui titre dans les 70°.
    Les distillateurs de profession peuvent faire leurs macérations avec leur propre alcool (comme mes amis de l’Atelier du Bouilleur avec qui je milite dans ce sens). C’est une pratique onéreuse mais combien supérieure ! les distillateurs peuvent aussi acheter leur alcool à l’industrie de l’alcool : alcools de grains, de vin, alcools neutres, bio ou pas &c… autant de choix pour des alcools qui ont en commun de sortir d’une usine et de n’être « esprit de vin » que par leur composition chimique, et surtout pas par leur « esprit » justement. Cet alcool bon marché est considéré comme un simple adjuvant nécessaire à l’extraction des arômes, mais pas comme un composant à part entière du spiritueux, avec des qualité digestives, favorisant une ivresse créative et sociable &c… J’ai développé cette question ailleurs ((réf.)). La différence de prix entre un alcool industriel et un alcool distillé artisanalement avec un alambic (et sans subventions européennes…) est énorme. L’utilisation d’un alcool distillé soi-même est gros effort pour l’artisan.

    Quelle est la différence en sucrage et macération ?

    L’alcool est une fermentation de sucre et fondamentalement il n’y a pas de différence entre une fermentation sucrée de grattes-culs et une macération de ces même fruits dans de l’alcool.
    Dans ce cas présent, il y aura une différence de rendement et de qualité, mais ce n’est pas toujours le cas. Il faut réaliser que la mauvaise réputation du sucrage des tonneaux vient du fait que le sucre a surtout été utilisé pour des questions de rendements, au détriment de la qualité gustative.

    Quelle est la différence entre fermentation et macération ?
    La macération donne souvent de meilleurs résultats au niveaux quantitatif et qualitatif. C’est simple à réaliser, il ne manque que la magie de la fermentation…

    Le sucre après distillation

    Il est courant que les distillateurs édulcorent leurs spiritueux. Cette opération n’est pas interdite aux bouilleurs de crus qui font ce qu’ils veulent de leur goutte, tant que ce n’est pas du commerce. En revanche, elle est réglementée pour les distillateurs de profession (certains peuvent toutefois caraméliser leurs eaux-de-vie non pour les édulcorer mais pour les colorer, appréciez la nuance !). L’édulcoration des spiritueux permet de rendre acceptable ce qui n’est pas suffisant en soi (alcool piquant, manque de goûts &c…). Mais « acceptable » est-il vraiment acceptable ? « acceptable » est-il suffisant ? Aujourd’hui plus qu’autrefois, le buveur est exigeant et ne se satisfait plus d’une eau-de-vie « acceptable ». Aujourd’hui, on ne boit que le meilleur. C’est pour cela que les coupes de têtes et de queues sont plus sévères malgré les pertes occasionnées. Les eaux-de-vie sucrées ne permettent pas une expérience gustative aussi profonde que les purs esprits, sauf s’il s’agit de liqueurs élaborées spécialement (chartreuse, certaines absinthes amères…).Elles sont « assez bonnes » même si le buveur peu exigeant peut les apprécier pour leur facilité apparente. Je rappelle que Raymond Dumay dans son « Guide des alcools » cite le sucrage parmi les 5 façons d’améliorer une mauvaise eau-de-vie.

    La question importante reste peut-être de savoir ce que nous voulons faire, tout autant que de savoir ce que nous avons le droit de faire.

    Pour conclure, je dirais que bien que je n’ai aucun a priori sur le sucrage avant distillation, je dois reconnaitre que l’utilisation d’alcool plutôt que de sucre est plus utile et donnera la plupart du temps de meilleurs résultats.
    En revanche, je suis beaucoup plus réservé sur l’usage du sucrage après distillation que je ne pratique pas (sauf quand je me prépare une Absinthe…).

    Et le sucrage entre les deux distillations (pour ceux qui repassent), qu’en pensez-vous ?

    Matthieu Frécon, Sarreyer, mars 2019.

    (1) J’emploie en général le terme de « Bouilleur de cru » pour désigner le particulier qui distille ou fait distiller sa propre récolte pour sa propre consommation, qu’il bénéficie ou non du célèbre « privilège de bouilleur de cru ». Je rappelle que la loi de 2003 permet à chacun de faire distiller sa propre récolte (amateure ou professionnelle) par un bouilleur ambulant ou de le faire soi-même dans le cadre d’un « syndicat de distillation ».

  • La plomberie facile

    La Goutte…

    Votre robinet fuit ?
    Chouette ! Faites-vous une absinthe !

    Problemes de robinets

  • Création du syndicat de défense de la distillation amateure et artisanale

    Pour que vive la tradition de la distillation amateure et artisanale Brulaire-oc-Ill_fini.jpg

    Tout le monde sait que la tradition française de l’eau-de-vie vient de la tradition des bouilleurs de cru. Ces paysans distillateurs sont connus pour avoir du lutter avec une administration toujours hostile depuis le commencement des taxations sur l’alcool (principe fondamental sur lequel on devrait réfléchir), qui entraine inévitablement la fraude.
    La situation s’est tendue toujours plus jusqu’à ce que les derniers privilégiés ne représentent plus de réelle concurence pour l’industrie des spiritueux. L’administration a alors commencée à baisser sa garde et la destruction systématique des alambics a un peu diminuée. En 2003, les syndicats de bouilleurs de crus, fédérés par la FNSRPE ont obtenus une reconnaissance plus universelle et plus juste du droit de produire de l’alcool dans un but non-économique : c’est la nouvelle réglementation sur les bouilleurs de cru.

    En même temps, la distillation artisanale (petites distilleries) a elle-aussi vécu une période difficile due a une politique active en matière de santé publique (lutte anti-alcoolique). Cette politique est responsable de la disparition d’une grande partie des petites distilleries mais n’a pas tellement nuit aux industriels des spiritueux (Ricard, ou les importateurs de whiskies &c…) et la consommation générale d'alcool en France n'a pas diminuée autant que la production artisanale.

    On assiste aujourd’hui à une renaissance de la distillation artisanale (micro-distilleries), et à un léger retour du bouilleur de cru nouvelle manière (depuis la loi de 2003). Il y a donc un retour d’intérêts pour cette activité traditionnelle : la distillation à l’alambic.
    Parallèlement, la loi régissant la distillation artisanale n’a pas évoluée depuis environ… un siècle (le Code Général des Impôts reste fondamentalement le même depuis le début du XX° siècle) ! Son action est maintenant progressivement remplacée par une législation européenne proposée par les lobbies adaptés à la taille de l’Europe : des industriels.
    Ce manque de représentativité de notre passion - l’alambic amateur ou artisanal - est un vrai problème pour l’élaboration des lois qui régissent notre activité. C’est un vrai problème pour nous évidemment, mais aussi pour Bruxelles qui regrette de n’avoir pas d’autres interlocuteurs que l’industrie.

    Nous sommes maintenant nombreux à ressentir le besoin d’un syndicat de défense de la distillation à l’alambic.
    Les syndicats de défenses des Bouilleurs de Cru (FNSRPE) et de Bouilleurs Ambulants restent actifs et continuent leur travail propre, mais ne correspondent pas forcément à la nouvelle génération de micros-distillerie qui émerge depuis environ 10 ans.

    Nous avons donc décidé de former un syndicat de défense des bouilleurs de cru et micro-distillateurs, un syndicat de défense de la distillation à l'alambic.

    Une réunion de travail et festive de création de ce syndicat se tiendra à la distillerie d’Autignac (Hérault) dans les locaux de l’Atelier du Bouilleur le WE de Pentecôte les 20 et 21 Mai.

    Cette première rencontre est ouverte à tous les distillateurs amateurs ou artisans.
    L'ordre du jour sera : Création de la structure légale et organisation des groupes de travaux.
    Le but de ce syndicat sera de créer une structure de communication avec l’administration (douanes, fraudes, Europe…), de fédérer les informations et les achats de matériel, de proposer des formations à la distillation, de participer à des activités culturelles (démonstrations &c…), et de nombreuses autres choses que l’on décidera ensemble ce we de Pentecôte à Autignac.

    Martial Berthaud, le distillateur de l’Atelier du Bouilleur a fait une première lettre que je joins ici Cre ation du syndicat des distilleries artisanales et amateurscre-ation-du-syndicat-des-distilleries-artisanales-et-amateurs.pdf (101.11 Ko), je joins également ma lettre envoyé à tous ceux qui ont répondu au premier appel que nous avons fait pour lancer l’idée de ce syndicat 2 lettre2-lettre.pdf (34.04 Ko). Enfin, vous trouverez ici Horaires penteco te 2018horaires-penteco-te-2018.rtf (17.69 Ko) une grille d’horaires pour les activités de cette première rencontre.

    Pour participer : lisez la lettre de Martial et l’emploi du temps proposé, puis contactez l’Atelier du Bouilleur pour vous inscrire et éventuellement réserver une chambre sur place.

    Merci à tous !

    PS. C’est gratuit, il y a une libre participation pour la nourriture et pour l’accueil (logement &c…). Il y aura bientôt une cotisation pour les participants, mais à l’entrée c’est gratuit…

    PPS. Faites passer l’info. Merci !

    discussions-au-coin-du-feu-jura.jpg

    PPPS : Je donnerai une formation distillation alcool à la distillerie d'Autignac les 2 jours précédents cette rencontre (les vendredi 18 et samedi 19 Mai), renseignements ici : http://www.devenir-distillateur.com/agenda/distillation/distillation-spiritueux-et-autres-elixirs.html .

  • Les premières gouttes à Edelweiss Distillerie…

    Les premières gouttes de notre nouvelle distillerie ! Matthieu distille au chalet

     

    J’ai fondé Edelweiss Distillerie avec Florence Thieblot il y a 1 an lors de notre installation à Sarreyer (Valais). Nous avions pris contact avec la Régie Fédérale des Alcools (RFA) à Berne en Juillet 2017. Enfin, en Février 2018, nous avions toutes les autorisations pour démarrer.
    Le délais pour notre installation a été assez long du fait que la RFA a été entre temps reprise par la douane, qui est une organisation internationale qui gère la production d’alcool dans la plupart des pays. Ce remplacement a été suscité pour des raisons d’économies, et il est probable que la douane réussisse ses promesses au moins au début de son administration puisque les bureaux de Bernes ont été vendus, l’alambic mobile de la RFA mis a disposition aux bouilleurs de cru aussi, et le budget formations des bouilleurs supprimé (rappelons que le livre de référence en matière de distillation moderne des fruits, par mm. Tanner et Brunner fut soutenu par la RFA, ainsi que les cours de distillations &c…).
    Mais ne soyons pas trop pessimistes : le logiciel qui gère les déclarations de distillation, les transports d’alcools &c… et qui remplace les déclarations papiers élaboré par la douane fonctionne, et c’est une exception en Europe (pourvu que ça dure !).

    Mais bref… Aujourd’hui, nous distillons les mirabelles de l’été dernier. Demain je ferai les repasses, puis quelques marcs, un peu de miel fermenté (pour la teinture de propolis), les macérations de gin, et enfin les pommes/génépi et pommes/verveine.
    Il faudra alors attendre que les dernières neiges finissent de fondre pour pouvoir accéder au chalet autrement qu’en raquettes pour amener les barriques d’alcools que l’on a distillées au printemps dernier à Autignac, mon ancienne distillerie de l’Hérault aujourd’hui tenue par l’Atelier du Bouilleur (distillations de vins bio & natures pour faire notre absinthe).

    Aujourd’hui, c’est un alambic à Bain-Marie de 100 litres qui tourne. C'est notre alcoollègue Etienne Jacques (Distillerie La Gouttière) qui nous l'a trouvé. Dès que le chemin sera accessible en voiture, nous amènerons notre 100 litres à feu nu, plus un petit appareil à essais, spécial spagyrie. Et puis ce sera assez pour cette année, et de toute façon, nous n’avons pas assez de bois pour travailler plus…

    Quand-même, distiller au feu de bois en plein air et en face des montagnes enneigées du Valais, c’est un job assez agréable…

    Brouilli de mirabelles

    Florence distille au chalet

    L’hiver est traditionnellement la saison du distillateur et c’est la plus tranquille pour nous. Avec l’arrivée du printemps, les cultures, les préparations de cosmétiques et produits de soins vont nous occuper. L’été enfin, est la saison de l’alchimiste solaire et j’y suis occupé avec les distillations et cuissons solaire pour mes pierres de vin, de miel, et autres préparations spagyriques. À l’automne, il faudra se dépêcher d’amener au chalet les matières premières, le bois &c… avant les premières neiges qui interdiront l’accès… Les douaniers n’oublieront pas leurs skis pour venir nous rendre visite (c’est déjà arrivé, ça aide à mettre une bonne ambiance !) et les villageois viendront chercher leurs bouteilles en raquettes…

    Hum… Je me découvre un style quelque peu champêtre ce premier jour près de l’alambic…

    PS. Je réalise que je retrouve ici, avec ce simple alambic de 100 chauffé au bois et installé en plein air les sensations que j’avais à mes tout débuts en 1998 à Jaugey (Côte d’Or). C’était une installation centenaire, les bouilleurs l’étaient aussi probablement… Le travail était assez dur mais pleins de sensations puissantes et douces : odeurs, sons, mouvements… Pas de bruits de moteurs, pas d’odeurs industrielles, juste des poules, des vaches, et des paysans dans la neige…

    Matthieu à Jaugey 1998
     

    J’ai perdu ces sensations plutôt féériques lorsque je me suis installé dans l’Hérault. J’ai du augmenter le parc d’alambics, j’ai du remplacer le bois par le gaz, mes clients parlaient produits, rendements, marché… Les douanes, heu… j’arrête là…

    Matthieu


    Florence thieblot et matthieu fre con

    Edelweiss distillerie logo

  • Plan d'un alambic "Système D"

    Des questions récurrentes sur la fabrication d'alambics m'ont rappelées que j'avais ces planches d'un vieux "Système D" de 1985…

    Alambic systeme d 1

    Alambic syste me d 2

    Bricoleurs, à vos postes !